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Pourquoi humilier les enfants à l’école !

Autrefois, les punitions corporelles faisaient partie intégrante de notre système d’instruction publique. Elles étaient l’un des moyens acceptés, reconnus, de maintenir la discipline, d’imposer le respect des professeurs, de châtier la négligence et de guérir la paresse.

Les habitudes sont changées. Elles se sont modifiées. Mais elles ne sont pas encore débarrassées des sévérités extrêmes de l’époque où l’on croyait implanter la goût des études en fouettant, en battant avec des règles en bois, les élèves trouvés coupables de fautes qui, les trois-quarts et demi du temps, étaient des peccadilles.

L’on emploie encore les châtiments corporels dans quelques collèges, dans les écoles, et même dans certains couvents. Il ne se produit pas fréquemment d’abus graves. Cependant une enquête sérieuse causerait de la surprise, et nous engagerait à prendre une action énergique contre toute possibilité d’excès.

Nous posons comme principe qu’il ne faut pas infliger de châtiments corporels aux enfants. Les raisons les plus graves peuvent seules justifier, en des cas exceptionnels, cette coutume honteuse, barbare, de la présence de bâton dans les écoles. […]

La Patrie regrette que, dans certaines institutions d’enseignement, on méconnaisse les règles et les lois de la dignité humaine. On s’oublie jusqu’au point de battre de pauvres petits êtres qu’ils ne savent pour ainsi dire pas ce qu’ils font.

On leur fait baiser le plancher — pour des folies et des riens !

Baiser le plancher : en voici un moyen d’élever l’esprit d’un jeune garçon ou d’une fillette !

Les parents seraient justifiables de défendre à leurs enfants de se soumettre à des méthodes aussi contraires à la raison.

Il suffirait aux membres du personnel enseignant de réfléchir deux minutes pour convenir que des châtiments humiliants, au lieu de produire du bien, soulèvent la haine, sèment la rancune et le dégout de l’école dans les jeunes intelligences. […]

Que ceux qui exercent la noble tâche de former les corps et les âmes, s’arment de la vertu de patience et de charité. Au lieu de forcer les enfants à souiller leurs bouches sur les planchers, de se traîner à quatre pattes devant leurs compagnons ou leurs compagnes, qu’ils les reprennent avec sévérité, mais avec dignité et prudence toujours.

 

La Patrie (Montréal), 15 septembre 1906.

L’illustration est extraite d’un livre de première année au Québec en 1960, Forest-Ouimet, Nous allons à l’école, Mon premier cahier d’exercices, Montréal, Éditions Centre de psychologie et de pédagogie.

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