Une grande tempête frappe l’est de l’Amérique du Nord
Voyons seulement comment le Québec est frappé.
La tempête a causé des dommages sérieux en bas de Québec. Sur l’île d’Orléans, des granges ont été renversées et la récolte de l’été ruinée par la pluie. On rapporte que la tempête à dix lieues en bas de Québec avait les caractère d’un véritable ouragan.
À la Grosse-Île, le « Druid » n’a pas été capable de lever son ancre pour aller visiter les navires arrivant d’outre-mer.
Le « Mariposa » a dû rester à l’ancre tout l’après-midi et toute la nuit afin d’attendre le médecin inspecteur.
Les pilotes pensent que quelques désastres sont arrivés aux côtiers dans le bas du Saint-Laurent. […]
Ici, à Québec, la pluie était torrentielle, les rues semblaient des ruisseaux ; le vent soufflait aussi avec violence.
Plusieurs enseignes ont été emportées. La grande cheminée de l’usine d’amiante de MM. Berry & Cie a été renversée. Un bateau chargé de bois de corde a chaviré ; il a coulé bas et sa cargaison est perdue.
La barque norvégienne « Premier », qui était en chargement au Petit Métis, est allée à la côte, pendant la tempête. Lorsque la barque arriva sur les récifs qui bordent la côte, la mâture, fortement ébranlée par le tangage du vaisseau sur un fond rocailleux, tomba à la mer. L’équipage eut toutes les misères du monde à rester sur le vaisseau. Les marins durent s’amarrer sur le pont pour ne pas être emportés à la mer par les immenses vagues qui balayaient le pont.
La Compagnie de chemin de fer du lac Saint-Jean a éprouvé beaucoup de dommages dans la dernière tempête. À Miskisk, un train composé de huit chars est tombé à côté de la voie, par suite de l’affaissement du terrassement qui était miné par l’eau entre Allan’s Mills et Saint-Raymond. L’eau a baissé le niveau de la voie à huit endroits différents. À la Rivière à Pierre, l’eau descendant des montagnes qui surplombent la voie a causé des dégâts affreux.
La voie est recouverte sur une distance de quatre cents pieds par une couche de terre ayant 14 pieds d’épaisseur [4, 25 mètres]. Cette terre a été refoulée sur la voie par une avalanche venant d’une montagne du voisinage. Les trains circulent aux deux extrémités de la ligne à la fois, mais les passagers doivent nécessairement changer de train aux endroits obstrués. […]
Tout le district de Papineauville a été ravagé. Les ponts ont été entraînés par l’eau des rivières, les clôtures enlevées, et plusieurs maisons et granges ont été ébranlées ou renversées. La tempête a fait de grands ravages à la Rivière du Loup. Le vent soufflait du nord-est. Le yacht à vapeur Wasp a été jeté à la côte. Il est considéré comme totalement perdu.
Le Franco-canadien (Saint-Jean-sur-Richelieu), 7 septembre 1893.