« Nous ne vivons pas seulement dans l’Univers. L’Univers vit à l’intérieur de nous »
Au cours de l’été, le quotidien français Le Monde a réservé beaucoup de ses pages à des questions débattues en ce moment. Dans la série « Les best-sellers à l’étranger », par exemple, Corine Lesnes, correspondante du journal à San Francisco, a rencontré Neil deGrasse Tyson, directeur du planétarium Hayden de New York, qui vient de publier chez Belin Petite excursion dans le cosmos.
Selon la journaliste, deGrasse Tyson propose dans son livre un « baptême de perspective cosmique ».
Chaque chapitre fait le point des connaissances sur ce qu’il estime être les phénomènes les plus extraordinaires, les plus troublants et les plus mystérieux du cosmos : les trous noirs, le vide entre les galaxies, l’énergie sombre, les exoplanètes ou la « panspermie », la spéculation selon laquelle la vie aurait pu arriver sur Terre par l’extérieur, par l’intermédiaire des astéroïdes. Il conclut par un résumé « presque spirituel de ce que c’est d’être un humain ». Un être qui a une « proximité génétique » avec toute forme de vie sur la Terre, une « proximité chimique » avec toute vie qui pourrait être découverte dans l’Univers et une « proximité atomique » avec l’Univers lui-même. […]
Madame Lesnes donne la parole à l’auteur. Extrait.
Vous voulez savoir de quoi nous sommes faits ? Là encore, la perspective cosmique offre une réponse plus vertigineuse que peut-être vous ne l’imaginez. Les éléments chimiques de notre Univers sont forgés dans les feux d’étoiles massives qui terminent leur vie par de titanesques explosions, et ainsi enrichissent les galaxies qui les abritent de tout l’arsenal chimique composant la vie telle que nous la connaissons. Résultat ? Les quatre éléments les plus abondants dans l’Univers — l’hydrogène, l’oxygène, le carbone et l’azote — sont les quatre éléments les plus communs dans les organismes vivant sur Terre et dont la biochimie est fondée sur le carbone. […]
À maintes reprises au fil des siècles, les découvertes sur le cosmos ont écorné l’image que nous avions de nous-mêmes. On a longtemps cru que la Terre était un objet astronomique unique, jusqu’à ce que les astronomes apprennent qu’elle n’est qu’une planète parmi d’autres en orbite autour du Soleil. Après quoi, nous avons supposé que le Soleil était unique, jusqu’à ce que nous découvrions que les innombrables étoiles du ciel nocturne sont des soleils. Puis nous avons pensé que notre galaxie, la Voie lactée, constituait à elle seule tout l’univers observable. Avant d’établir que, finalement, une flopée de petites taches floues dans le ciel sont autant de galaxies qui ponctuent tout l’univers connu.
De nos jours, il est ô combien facile de croire qu’il n’y a qu’un seul univers. Et pourtant. De nouvelles théories cosmologiques, telle l’improbabilité sans cesse vérifiée que quoi que ce soit puisse être unique, exigent que nous gardions l’esprit ouvert face à ce dernier assaut contre notre soif de distinction : le multivers.
Corine Lesnes, « Les Américains ont la tête dans le cosmos », Le Monde (Paris), 23 août 2017, p. 20.
L’illustration provient du site de Belin Éditeur.