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« Le cordonnier amoureux »

L’histoire se passe à Montréal.

Ludger Steben, cordonnier, qui demeure sur la rue Montcalm, quoique n’étant pas de la première jeunesse, 43 ans sonnés, a encore le cœur aussi ardent qu’un adolescent.

En passant devant la prison des femmes, hier soir, entre chien et loup, il s’est avisé d’envoyer des baisers aux prisonnières et de faire les gestes dénotant une admiration sans bornes pour leurs charmes.

S’il avait eu une mandoline, il les aurait sérénadées.

Un Pandore qui passait là l’a appréhendé au collet et l’a logé au poste sous l’inculpation d’outrage aux mœurs.

Le recorder, ce matin, lui a dit qu’on ne doit pas se permettre de humer les odeurs féminines qui s’exhalent de cette institution. Pour le moment, il le condamne à $5 ou 1 mois. En cas de récidive, il ira se balader à Payetteville durant une longue période.

 

La Patrie (Montréal), 8 août 1890.

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