Qui connaît de ce côté-ci du monde Ossip Mandelstam ?
Poète et essayiste russe, il naît à Varsovie en 1891 et décède à Vladivostok en 1938, envoyé là, en exil, par Staline, à qui on attribue aujourd’hui des millions de morts.
Faute d’avoir écrit des textes contre le Géorgien, Mandelstam, à la santé fragile durant les années ’30, ne pourra résister aux travaux forcés.
Il écrit à sa Nadinka : Peut-être passerai l’hiver ici… Nadinka chérie, je ne sais pas si tu es encore en vie, ma colombe...
À l’infirmerie depuis la veille, il meurt le 27 décembre à midi 30. Début janvier 1939, son corps est jeté dans une fosse commune près du camp.
Voici un de ses poèmes :
Pour réjouir ton cœur voici mes paumes
Un peu de soleil et un peu de miel,
Selon la loi des abeilles de Perséphone.
Nul ne peut détacher la barque à la dérive,
Nul n’entend l’ombre bottée de fourrure,
Nul ne peut vaincre la peur au bois de la vie.
Il ne nous reste plus que des baisers
Aussi velus que les minces abeilles
Qui meurent, à peine enfuies de leur ruche.
Dans les fourrés de la nuit elles bruissent,
La forêt du Taygète est leur patrie,
Leur pâture le temps, la mélisse et la menthe…
Prends pour réjouir ton cœur mon offrande sauvage,
Ce simple collier sec d’abeilles mortes
Qui ont su changer le miel en soleil !
1920
Ossip Mandelstam, Les Poésies d’amour, Choisies, traduites et présentées par Henri Abril, Strasbourg, Les Éditions Circé, 2016.
La photographie de Mandelstam prise en 1914 apparaît sur sa page Wikipédia.
Il me faudrait bien créer enfin, sur ce site, une catégorie « Hommage ».