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Extrait de « Nos humbles amis »

Je ne pourrais vous présenter Marcelle Blanche. Internet n’est vraiment pas bavard à son sujet. Mais j’avais trouvé d’elle durant les années ’80 à Montréal, rue Saint-Denis, un opuscule publié en 1956 sur l’amour que nous devrions avoir pour les animaux de notre quotidien. Voici ce qu’elle écrit sur le chien.

Comme tu es fidèle, mon bon chien… Tes yeux purs me regardent, mais ils n’ont pas la petite lueur qui s’allume lorsqu’ils voient le Maître !

Ah ! cette lueur… lorsqu’elle brille au fond de tes prunelles, on y sent un Amour, un dévouement qui iraient jusqu’à la suprême immolation.

Ton humble vie est un acte de fidélité silencieuse. Assis, tu observes ton Maître avec affection, puis peu à peu tu t’inquiètes. Ne va-t-il pas s’absenter encore une fois ? Hélas oui ! le voilà qui sort. Il a disparu, en faisant signe de ne pas le suivre. O douleur…

Ton regard prend une expression de détresse, tu me considères, tu sembles me prendre à témoin de toutes tes longues attentes, de toutes tes alarmes, de tous tes désespoirs.

En effet, au fur et à mesure que s’allongent les heures que ton Maître ne reparaît pas, l’expression de tes yeux devient presque pathétique. Quelles obscures pensées habitent ta petite cervelle, étroite par les dimensions, mais si grande par l’Amour. Nul ne le saura jamais.

J’ai beau la flatter, cette petite tête, j’ai beau la caresser doucement, elle reste indifférente, car ce n’est pas là la caresse du Maître tant chéri !

Mais que se passe-t-il tout à coup ? Aucun bruit qui me soit perceptible. Rien que le silence, et pourtant tes oreilles se dressent soudain, tes yeux deviennent phosphorescents.

Un hurlement de joie me fait sursauter. Tu te dresses, frénétique, tu grattes la porte, tu halètes bruyamment.

De longues minutes se passent.

La porte s’ouvre, le Maître paraît.

Alors ce sont des transports indescriptibles, comme si tout le bonheur du monde avait pris place dans la poitrine d’un chien, d’un humble chien.

 

Marcelle Blanche, Nos humbles amis, Paris, Aryana, 1956, p. 9-11.

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