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Au cimetière de Paimpol, en Bretagne, on a un grand respect pour les disparus en mer

Ce matin, j’ai été dans le cimetière de Paimpol, autour de sa vieille église, au sortir de la grand’messe.

Là, on compte le nombre de tombes des disparus en mer, c’est-à-dire de ceux qui ne reposent point dans la terre natale en chair et en os, car ils sont restés au fond des océans, et sous des latitudes lointaines. Néanmoins, la tradition leur fait réserver une place dans le cimetière du pays natal. On ne met pas leur plaque au mur des disparus ; ils ont une tombe quand même.

L’épitaphe est la même : « Jean Caous, mort en Islande, à bord de la « Catherine », dans le naufrage ou dans la tempête d’avril 1887 ». J’y ai même rencontré nombre de tombes des 117 Islandais disparus dans le célèbre naufrage des cinq goélettes perdues dans la campagne de 1901.

Après la messe, les parents et la famille vont s’agenouiller sur la tombe de ces Islandais. Il y a là un coquillage plein d’eau bénite, où baigne une branche de buis et, après une silencieuse mais éloquente prière, tous aspergent la tombe de l’eau lustrale. C’est la matinée religieuse du « Pardon des Islandais ».

Un joli soleil printanier et aussi le renom de la grande fête maritime ont amené plus de 6,000 personnes, cet après-midi, à Paimpol. Les trains étaient bondés et, de toutes les routes, affluaient des gens en habits de fête. À part les curieux traditionnels et les photographes, qui étaient légion, c’étaient des gens du pays, des marins Islandais et tous les parents de la région. Aussi, leur premier soin était d’aller visiter les goélettes de leurs chers parents. [..]

Paimpol arme, cette année, 38 goélettes. Ce n’est qu’une moyenne flottille, car on en a compté jusqu’à 56 ou 58, comme il y a dix ans. Mais la pêche n’est pas trop brillante, ces années-ci. Les goélettes ont presque terminé leur armement et ravitaillement. À partir du 12 février, elles vont quitter les bassins et descendre en rade, d’où elles partiront toutes, à la grande marée du 16, comme une légion de mouettes bretonnes, qui s’envolent pour longtemps vers les mers périlleuses du pays d’Islande.

 

Le Canada (Montréal), 17 avril 1903.

Ci-haut, la photographie du mur des disparus en mer à Ploubazlanec, en Bretagne. Elle apparaît sur le site suivant.

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