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Une vieille dame trouve jeune preneur

Nous voici à Buffalo, dans l’État de New York.

Après avoir dédaigné pendant 70 ans les joies de la vie conjugale, après s’être obstinée à rester jeune fille pendant trois quarts de siècle, Miss Margaretta Johnson, de Buffalo, vient d’épouser le jeune et beau Gabriel Abu Kalil, un Syrien âgé de 28 ans.

Abu Kalil et Miss Johnson firent connaissance il y a cinq ans à Buffalo. Le jeune Syrien y faisait alors le commerce des bijoux orientaux. Miss Johnson, riche célibataire, s’intéressa d’abord aux bijoux et bientôt après au bijoutier.

L’amour est enfant de Bohème, même à Buffalo, et il le prouve une fois de plus en cette occurrence. Après six mois d’innocentes causeries, Miss Johnson dut s’avouer que sans Abu Kalil il n’était point de bonheur pour elle sur terre. Étonnée à bon droit, l’excellente demoiselle attendit trois ans encore, espérant que cette flamme tardive s’éteindrait. Erreur ! elle devint un incendie. […]

C’est en vain que les bonnes amies de Miss Johnson tentèrent de lui faire comprendre charitablement qu’elle pourrait être la grand’mère du jeune Abu Kalil. […] « Sans doute je suis presque une vieille femme, mais Gabriel aime les fleurs d’hiver. Vous prétendez que chez mon fiancé l’adroit financier l’emporte sur l’amoureux. Et puis après ? Je suis pour ma part absolument heureuse et c’est la première fois de ma vie que je sais ce qu’est le bonheur. »

Aussi, comme il fallait s’y attendre après de telles théories, le mariage avait lieu des jours-ci, envers et contre tous.

Les nouveaux époux iront prochainement habiter New-York où M. Kalil possède un restaurant bien achalandé.

 

Le Canada (Montréal), 8 avril 1904.

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