Le médecin chirurgien et neurobiologiste Henri Laborit sur le créateur
La motivation du créateur ne peut être alimentée que par l’angoisse existentielle, celle que les sociétés hiérarchiques et paternalisantes s’efforcent d’obscurcir, à condition qu’elle débouche sur une structure suffisamment générale pour espérer répondre à cette angoisse.
Si il se laisse dévier, ne serait-ce que quelques moments, vers la compétition hiérarchique, la lutte pour la dominance, le créateur risque d’être définitivement perdu pour la création.
Il doit s’arranger pour fuir, pour ne perdre aucun instant dans des luttes langagières stériles et n’attacher d’intérêt aux critiques comme aux louanges que si elles sont susceptibles de l’aider ou de l’éclairer dans la poursuite de sa recherche.
Il ne doit surtout pas se préoccuper de l’image que les autres se font de lui, image qui sera bien rarement favorable, puisqu’il gêne, bouscule, dérange, sans y être autorisé par son rang hiérarchique.
S’il demeure au milieu du bruit, il risque de se laisser entraîner soit à l’excitation de la bataille, soit à la dépression résultant de l’ignorance ou du mépris dont il est l’objet.
Henri Laborit, La Nouvelle Grille, Pour décoder le message humain, Paris, Éditions Robert Laffont, 1974, p. 315s.
Les caractères gras sont de moi.