Le dernier petit recueil de l’écrivaine Louise Warren
Quel ouvrage étonnant, déstabilisant, intrigant et charmant. On n’arriverait pas à trouver un seul mot pour le qualifier. Il faut jouer le jeu avec l’auteure, du type je vous suis, pour entrer dans ses mots.
C’est voisin des haïkus, comme l’écrit Hugues Corriveau dans Le Devoir (4 et 5 février 2017).
Et lui non plus n’est pas arrivé à le réduire en un seul mot. J’aime bien sa formule : Une spiritualité fouissant les dessous des apparences, ouvrant les sens à l’imperceptible immédiat.
Mon libraire, a raison, c’est fort bien ce qu’elle fait. Voyez. Attention, ça déstabilise.
froissement des feuilles
une robe et ses lumières
en continu
la peau scintille
le présent
à toute vitesse
* * *
dans l’eau des formes
les arbres
sieste liquide
pénombre des algues
par où entrer
se demander
quoi retenir
des signes
* * *
la silhouette émet
des ondes
puis repasse
incertaine
immobile
* * *
le poème
dans la maison
l’espace entre les chaises
les pensées
* * *
avec les pierres
les feuilles
l’obscurité se pose
s’enfonce
dans le puits
* * *
linge au vent
l’air
au contact de la joue
sans les plis
l’air mon lieu
Louise Warren, Le plus petit espace, Montréal, Noroît, 2017.