Doit-on créer des tribunaux pour enfants ?
La grande histoire québécoise de l’enfant est encore à venir. Il en faudra bien une, c’est certain.
Des moments seront heureux, d’autres moins.
Voici qu’apparaît soudain dans un quotidien montréalais une réflexion fort intelligente, inespérée tant le souci ne semble pas exister. Enfin, a-t-on envie de crier !
Il est aujourd’hui question dans presque tous les pays civilisés de créer des tribunaux spécialement chargés de juger l’enfance coupable.
Tout le monde, en effet, est d’accord sur ce point qu’il faut agir avec une délicatesse infime lorsqu’on se trouve en présence de l’enfance coupable. Déjà, il est bien certain que les magistrats appelés à juger des adultes sont embarrassés pour appliquer une peine uniforme à des tempéraments bien divers, à des responsabilités très différentes. Combien la répression devient plus délicate encore lorsqu’on doit l’appliquer à des enfants ?
Tant de causes, tant de circonstances peuvent avoir entraîné l’enfant au mal ! Et ne convient-il pas de rechercher bien moins le châtiment en rapport avec la faute que la mesure préventive qui arrêtera le coupable sur la mauvaise pente et le ramènera au bien ?
La Patrie (Montréal), 1er février 1908.
