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Quelques éléments d’histoire naturelle de Chateaubriand

François-René de Chateaubriand, écrivain et homme politique français, est venu en Amérique du Nord au début des années 1790. Son Voyage en Amérique est publié pour la première fois en 1826. Au fil du temps, on en viendra à douter de plusieurs de ses affirmations.

Ma copie remonte à 1870. On y trouve quelques pages d’histoire naturelle de l’auteur français. Il s’arrête, par exemple, à la fouine qui semble être notre moufette.

La fouine américaine porte auprès de sa vessie un petit sac rempli d’une liqueur roussâtre : lorsque la bête est poursuivie, elle lâche cette eau en s’enfuyant ; l’odeur en est telle que les chasseurs et les chiens mêmes abandonnent la proie : elle s’attache aux vêtements et fait perdre la vue. Cette odeur est une sorte de musc pénétrant qui donne des vertiges : les sauvages prétendent qu’elle est souveraine pour les maux de tête.

Au sujet des renards, il écrit :

Les renards du Canada sont de l’espèce commune; ils ont seulement l’extrémité du poil d’un noir lustré. On sait la manière dont ils prennent les oiseaux aquatiques : La Fontaine, le premier des naturalistes, ne l’a pas oublié dans ses immortels tableaux.

Le renard canadien fait donc au bord d’un lac ou d’un fleuve mille sauts et gambades. Les oies et les canards, charmés qu’ils sont, s’approchent pour le mieux considérer. Il s’assied alors sur son derrière, et remue doucement la queue. Les oiseaux, de plus en plus satisfaits, abordent au rivage, s’avancent en dandinant vers le futé quadrupède, qui affecte autant de bêtise qu’ils en montrent. Bientôt la sotte volatile s’enhardit au point de venir becqueter la queue du maÎtre-passé, qui s’élance sur sa proie.

Chateaubriand a un paragraphe sur les loups.

Il y a en Amérique diverses sortes de loups : celui qu’on appelle cervier vient pendant la nuit aboyer autour des habitations. Il ne hurle qu’une fois au même lieu; sa rapidité est si grande qu’en moins de quelques minutes on entend sa voix à une distance prodigieuse de l’endroit où il a poussé son premier cri.

Un paragraphe également sur le rat musqué.

Le rat musqué vit au printemps de jeunes pousses d’arbrisseaux, et en été de fraises et de framboises; il mange des baies de bruyère en automne, et se nourrit en hiver de racines d’orties. Il bâtit et travaille comme le castor. Quand les sauvages ont tué un rat musqué, ils paraissent fort tristes : ils fument autour de son corps et l’environnent de manitous, en déplorant leur parricide ; on sait que la femelle du rat musqué est la mère du genre humain.

F. de Chateaubriand, Voyage en Amérique, Paris, Michel Lévy Frères, Éditeurs, 1870.

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