Un hebdomadaire de Montréal me met sur la piste de Gustave Nadaud
Il s’agit de l’Album universel du 30 décembre 1905.
Rappelez-vous, j’avais déjà évoqué ce poète et chansonnier français. Retour à son ouvrage Nouvelles chansons à dire ou à chanter, publié à Paris chez Tresse et Stock en 1889.
Les vieilles chansons
La terre tourne, le temps passe :
Rien de nouveau sous le soleil;
Rien de nouveau qu’à la surface :
Le fond reste toujours pareil.
En vain changeons-nous les formules,
Chez nos fils nous reconnaissons
Nos vices et nos ridicules :
Chantons les vieilles chansons.
Chantons les choses éternelles,
Le vin, les champs et les beaux jours;
Avec ses grâces naturelles
La vérité plaira toujours.
Toujours les naïves fillettes
Aimeront les jeunes garçons,
Tant que chanteront les fauvettes :
Chantez-nous les vieilles chansons.
En vain notre esprit se déplace;
Il meurt et renaît sans changer :
Anacréon vit dans Horace;
Horace vit dans Béranger.
Leur gaîté nous trouve sensibles;
Nous sommes sourds à leurs leçons;
Les hommes sont incorrigibles :
Chantez-nous les vieilles chansons.
Lisons et relisons le livre
Écrit avec nos sentiments;
Toute chose faite pour vivre
Est faite pour vivre mille ans.
En tous temps l’amour et la gloire
Nous prendront à leurs hameçons;
Et nous chanterons après boire :
Chantez-nous les vieilles chansons.
Il est un langage sonore
Qui trouve la fibre du cœur :
Nos neveux bondiront encore
Aux mots de patrie et d’honneur !
Et la terre sera bénie
Qui souffle à tous ses nourrissons
La haine de la tyrannie !…
Chantez-nous les vieilles chansons.
Sachons rester dans notre sphère,
Fuyons les tristesses du temps;
Les chansons qui berçaient le père
Berceront aussi les enfants.
Voici refleurir les pervenches,
Et, tandis que nous vieillissons,
Les oiseaux nichent dans les branches :
Chantez-nous les vieilles chansons.
L’illustration provient de l’album Chante ta joie, Saint-Hyacinthe, Éditions musicales La Bonne chanson, 1955.