La belle aux paupières bleues

De façon générale, je crois que les conditions suivantes devraient toutes deux être respectées avant d’autoriser la chasse, et ce, pour toutes les formes de vie :

1) Que le chasseur n’ait qu’un seul but : se nourrir, lui et sa famille
2) Que l’espèce chassée soit en état de surabondance

Quand aux espèces considérées « nuisibles » à nos activités humaines, sans doute devrions-nous collectivement davantage réfléchir à la taille des empreintes écologiques que laissent derrière nous certaines de nos pratiques qui, trop souvent hélas!, viennent impunément rompre de fragiles équilibres… Une telle réflexion pourrait être bénéfique à plusieurs espèces, le mot-clé étant ici la « cohabitation ».

Selon le premier Atlas des oiseaux nicheurs du Québec, le mâle Tourterelle triste a une masse d’au mieux environ 123 grammes… la femelle ayant une masse légèrement inférieure. Une fois l’oiseau déplumé et désossé, le festin n’est certainement pas des plus copieux. Combien d’oiseaux serait-il nécessaire de tuer pour nourrir une dizaine de personnes attablées pour un repas du Jour de l’An ?

Anecdote concernant l’espèce : Il y a quelques années, au cours d’un hiver particulièrement généreux, je nourrissais dans ma cour un peu plus de 20 Tourterelles tristes, et ce, à chaque jour. Or, à un certain moment, ce nombre s’est mis à diminuer graduellement, à raison de un oiseau de moins à chaque jour qui passait… Donc, au bout d’une dizaine de jours consécutifs, autant de tourterelles étaient disparues ! Quelques heures d’observations m’ont permis d’expliquer le phénomène : un Autour des palombes passait capturer une proie à chaque jour !

Toutes les tourterelles qui seront abattues par les chasseurs, qu’elles soient mangées ou non par ceux-ci (car certains chasseurs pourraient ne se servir de ces cibles vivantes que dans le but de s’exercer au tir, laissant ces oiseaux sur place, morts ou agonisants), seront autant de repas de moins pour d’autres rapaces plus hauts dans la chaîne alimentaire, dont l’Autour des palombes…

La nature s’équilibre d’elle-même… Aussi, ce sont souvent nos agissements (réfléchis ou non) qui viennent briser ces fragiles équilibres… Une fois rompus, ils engendrent une surabondance. Pensons au Goélands à bec cerclé, trônant sur nos décharges publiques ou à proximité de grandes chaînes de restauration rapide… Que dire des Cerfs de Virginie qui, en l’absence de prédateurs, pullulent dans certaines régions du Québec… A une certaine époque (pas si lointaine), n’avons-nous pas quasi éradiqué le Loup gris de notre territoire ?

M’enfin… sur une note plus joyeuse, passez un très heureux temps des Fêtes ! Je vous souhaite de belles observations, fussent-elles d’ordre ornithologiques ou autres ! Je transmets également ces vœux aux personnes qui auront lu ces quelques lignes… ;-)

Mario