Rappel de la plus grande catastrophe à New York avant les attentats du 11 septembre 2001

Le décès d’Henry Neats Mallabar permet de ramener à la mémoire des gens cette catastrophe.

Un ancien Montréalais vient de mourir à New-York, victime de son héroïsme. Il s’agit de M. Henry Neats Mallabar, qui appartenait à l’équipe des Carabiniers Victoria, et dont le souvenir est encore vivace dans la mémoire de ceux qui se rappellent le terrible désastre de l’excursion du bateau «Général Slocum» arrivé le 15 juin 1904.

L’on se rappelle qu’au cours d’une excursion d’enfants à bord de ce bateau, il prit feu et plusieurs centaines d’enfants et de personnes qui les accompagnaient périrent dans les flammes ou se noyèrent.

M. Malabar, témoin de cette terrible conflagration, se jeta bravement à l’eau et se dirigea vers le bateau en flamme. Il saisit trois enfants dans ses bras et les transporta sur le rivage. N’écoutant que son courage, il retourna à l’endroit d’où partaient des cris de détresse, et revint cette fois avec deux jeunes enfants qui allaient infailliblement périr.

Par trois fois, il risqua de nouveau sa vie pour sauver des vies humaines et, dans chaque occasion, il put revenir au rivage, portant dans ses bras une femme à demi noyée.

Il était épuisé par ces héroïques efforts quand il fit un dernier sauvetage. Mais en déposant sur la rive une femme de deux cents livres [près de 91 kilos], il tomba à ses côtés, et perdit connaissance. Les médecins constatèrent qu’un vaisseau sanguin s’était brisé à la base du cerveau à la suite de ce travail surhumain.

Grâce aux soins médicaux qu’il reçut, M. Malabar recouvra l’usage de ses facultés, mais, d’un athlète vigoureux et puissant, il devint en une heure un homme ruiné physiquement.

M. Malabar laisse une veuve, un fils et une fille, Mme Ed. Pouliot, de Montréal.

La Patrie (Montréal), 11 décembre 1907.

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