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«Les dieux populaires de la Chine»

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Saint-on bien que les Chinois adorent aussi certains animaux ?

Non point, certes, d’un culte éperdu, comme l’on vit chez les Égyptiens, mais parce qu’il semble à ceux-là que, dans ces bêtes, éclate le symbole de quelque force, de quelque vertu, ou qu’y réside le souvenir, l’âme même d’un héros. En ce dernier cas, le culte se rattache à la métempsychose.

Au premier rang des animaux adorés se place le «Singe», non pas un singe quelconque, mais celui qui jadis, déroba, aux Indes, les livres sacrés de Bouddha et vint les apporter à un empereur de la dynastie des Tang. […] La statue est d’un homme avec une tête de singe. Le vingt-troisième jour du deuxième mois arrive la fête de ce dieu. Les hommes surtout la célèbrent, car il dispense les dignités et les richesses. Le peuple l’implore contre les épidémies, car il est le maître des génies, et, ainsi, il peut arrêter les œuvres funestes des esprits malsains. […]

Le «Tigre» est aussi une bête divine. Ses images, statues et tableaux le représentent dressé sur ses pattes de derrière, et tenant dans ses griffes de devant un grande médaille qui figure une pièce de monnaie. Il porte le titre singulier de «Son Excellence le Tigre avide d’argent» […] Et les mères le prient pour leurs enfants malades, car il a la réputation d‘absorber les germes pernicieux de touts les affections morbides. […]

Le «Chien» reçoit le culte de terreur que les mortels accordent aux puissances nuisibles. Dans beaucoup de maisons chinoises, la chambre à coucher du père de famille montre, suspendue à la cloison, une image figurant un bon génie sous la forme humaine. Il est entouré d’enfants. Les dépassant de sa géante nature, il tend un arc et, de sa flèche, vise le «Chien» debout sur un nuage dans le ciel, et aboyant. C’est que le «Chien» dévore les enfants des hommes, et qu’après avoir exercé ses mystérieux carnages, il se réfugie dans les nuées. […]

Enfin, le «Dragon» est en Chine le symbole de la perfection en toutes sortes de choses. Tantôt, c’est une bête colossale aux formes de légende; tantôt, c’est un empereur éminent, ou un ministre fameux des siècles antiques. En sorte que c’est tout et ce n’est rien que ce multiforme et multiplié «Dragon» qui revient toujours sur l’eau.

 

La Patrie (Montréal), 26 novembre 1904.

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