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Nouvelle histoire de paranormal

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«Le chant monotone d’une vieille berceuse canadienne»

Dans 11 jours, nous nous retrouvons à la bibliothèque Monique-Corriveau, à Sainte-Foy, pour une nouvelle rencontre sur le paranormal.

Et les mentions d’événements paranormaux continuent d’apparaître dans la presse québécoise de plus de cent ans. Allez, une nouvelle dans la besace. Nous sommes en plein cœur de Montréal, et non dans le fin fond d’une campagne lointaine bordée de forêts, peuplées d’êtres inconnus.

Allez au No 132 de la rue Ste-Elisabeth et l’on contera des choses qui nous feront frémir.

Ce logement serait hanté.

Voici ce qu’en racontent les habitants :

«Si on n’y voit pas de revenants, on entend les plaintes et les cris, on les entend marcher, on voit les portes s’ouvrir sur leur passage, et cela depuis le commencement du mois de novembre. Sont-ce là des morts demandant des prières ? Mystère; les prières, les promesses, n’ont rien changé aux allées et venues des êtres mystérieux qui semblent habiter cet immeuble en dépit de M. Gohier, agent d’immeubles, qui en bonne et due forme muni des pouvoirs nécessaires, a loué l’immeuble à Madame Gosselin.

«Ces manifestations surnaturelles ont été entendues par quatorze personnes de tous les âges et de tous les sexes.

«Tantôt c’est le chant monotone d’une vieille berceuse canadienne, mais trop confus pour qu’on puisse en distinguer les mots; d’autres fois, c’est des extraits de la messe des morts, des parties du «Dies irae» ou de «Requiem».

«Il arrive aussi que ce soit des coups de marteaux, de hache ou de bruit d’une scie dans le bois.

«Les portes s’ouvrent et se ferment avec violence. Tous ces phénomènes se produisent plusieurs fois par jour, mais de préférence entre les quatre et cinq heures de l’après-midi.

«Les habitants de la maison sont terrorisés : dans leur crainte de rencontrer partout des êtres surnaturels, ils se sont parqués le mieux qu’ils ont pu au sous-sol; sans nécessité grave, ils ne vont jamais au rez-de-chaussée ou au premier.

«Les bruits se produisent de préférence dans une espèce de cave, d’une hauteur d’environ trois pieds, sous un escalier conduisant du sous-sol au rez-de-chaussée.

«À cet endroit, il est impossible que les bruits proviennent des habitations voisines. En creusant dans cette espèce de cave, pour poser un tuyau d’égout, on a découvert quantité d’ossements humains; c’est de ce jour que datent les phénomènes étranges qu’on a remarqués. Les chants ont commencé pendant que M. Gosselin creusait, il a été saisi d’une telle frayeur qu’il s’est sauvé, laissant là sa pelle.

«Au-dessus de toutes les portes, on a suspendu des statuettes de la Ste-Vierge et, à chaque manifestation, on fait grand usage d’eau bénite pour prévenir l’invasion des esprits malins.»

«On n’a pas encore prévenu M. Le curé, mais on se propose de le faire venir un de ces «jours».

 

Un reporter de la «Patrie» a visité la maison prétendue hantée, ce matin. Madame Gosselin, qui lui a donné l’interview qui précède, a ajouté que, depuis un temps immémorial, elle voit des morts à toutes heures du jour et de la nuit.

 Cette affaire de revenant, il va sans dire, rencontre beaucoup de sceptiques; elle n’en a pas moins causé un certain émoi dans le quartier.

 Des vieux racontent que la maison portant le numéro 132 a déjà été témoin de choses affreuses et que, si ses murs pouvaient parler, ils en diraient long.

 Au jour, il y a de cela plusieurs années, après une orgie épouvantable qui se termine par l’effusion du sang, un homme et une femme disparurent. Jamais on n’en entendit parler, mais les ossements qu’on vient de trouver pourraient révéler ce qu’on a fait d’eux alors.

 Ces prétendus ossements n’ont pas encore été montrés à un médecin.

 Sans se prétendre un expert en anatomie, le reporter de la «Patrie», à qui on les a exhibés ce matin, a cru y reconnaître des gigots à soupe et un morceau de crâne de porc, assez bien conservés.

 

La Patrie (Montréal), 26 novembre 1903. Le quotidien montréalais fait alors sa une avec cette histoire.

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