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Saviez-vous que l’étourneau peut être imitateur ?

etourneau-sansonnet

L’Étourneau sansonnet nous vient d’Europe. En Amérique, bien peu ont fait montre d’un peu de respect pour l’oiseau. Mais il n’empêche. J’en ai déjà connu un qui aimait beaucoup se tenir dans mon verger et me faisait le coup d’imiter le chant d’une variété d’autres oiseaux.

Et, à chaque fois, m’approchant, je découvrais que c’était mon étourneau.

Voici un texte de celui qui signe Babillard, sans doute Européen, qui donne la parole à l’Étourneau sansonnet.

On m’appelle tantôt étourneau, tantôt sansonnet.

Étourneau est une forme moderne du vieux français estournel, qui dérive du latin sturnus. On l’emploie souvent comme synonyme d’étourdi, sans doute à cause de la ressemblance qui existe entre ces deux mots; car aucun de mes actes ne prouve que je manque de réflexion.

Quant à sansonnet, les étymologistes ne sont pas d’accord sur son origine. Les uns en font un diminutif de Sanson, les autres, une altération de chansonnier.

 Je porte une livrée noire à reflets cuivrés. Toutes plumes sont marquées à leur extrémité d’un point blanc. Il semblerait qu’une houppette chargée de poudre de riz a été légèrement secouée sur votre serviteur.

Beaucoup d’oiseaux me surpassent en beauté; il en est peu qui s’efforcent autant que moi de se rendre utile lorsqu’ils sont libres, et agréables lorsqu’ils sont captifs.

Par jour, je mange soixante-dix limaces environ. Des observateurs dignes de foi l’ont affirmé. Pouvez-vous attendre de pareils services des perroquets dont vous êtes enjoués ?

— Non, mon ami, me direz-vous, mais ils parlent.

— Et, moi, monsieur, est-ce que je ne parle pas ?

Demandez-le au fils de l’empereur Vespasien; ils vous répondront :

«Nous avons un étourneau qui sait des mots grecs et latins, et qui parvient même à se souvenir d’une longue phrase. Leur maître les instruit dans un lieu retiré. Assis auprès d’eux, il leur répète leur leçon plusieurs fois de suite, et les caresse en leur donnant à manger.»

«Demandez-le à Gacé de la Bigne, chapelain de Philippe de Valois; il vous répondra :

«Lisez mon Roman des oyseaulx. Vous verrez que la femme d’un chevalier possédait un étourneau, qu’on ne se lassait pas d’admirer, tant il parlait bien. Il s’échappa de sa cage. Sa maîtresse, qui le chérissait, se mit à se lamenter. Son désespoir redoubla quand elle aperçut le fugitif entre les serres d’un épervier, qui appartenait à son mari et qu’on laissait en liberté. Aux cris que poussait la dame, le chevalier accourut. Il appela l’épervier, qui docilement rapporta l’étourneau sain et sauf. Ce dernier n’eut d’autre mal qu’une grande frayeur, qui, pendant un mois, le priva de la parole.»

Demandez au naturaliste Lenz; il vous répondra :

«Dans mon enfance, j’avais un étourneau qui savait deux petites chansons, et qui prononçait très bien le mot «polisson». Dès qu’on l’agaçait avec le doigt, furieux, il se dressait sur ses pattes, donnait des coups de bec et traitait son agresseur de polisson. Si j’allais jouer dans la prairie, il me suivait et se baignait dans le ruisseau. Si je travaillais au jardin, il se tenait derrière moi. Si je grimpais sur un cerisier, il venait m’y rejoindre; et c’était à qui mangerait le plus de cerises. Un jour, mon étourneau s’envola par la fenêtre. Après de longues recherches, je le trouvai perché dans un arbre. Aux gamins, qui s’amusaient à lui lancer des pierres, il criait de toutes ses forces : Polissons, polissons !»

Demandez-le au savetier dont ma cage en osier orne l’échoppe; il vous répondra :

«Le sansonnet est le perroquet du pauvre.»

Et c’est comme tel, Monsieur, que j’espère une petite place dans votre cœur.

Babillard.

 

La Patrie (Montréal), 17 novembre 1906.

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