Dans la série «Là où me mènent mes ânes» (13) Second de deux billets
L’âne dans l’histoire ancienne. Suite du billet d’hier.
Présent partout, souvent méprisé, presque aussi souvent célébré, l’âne joue tous les rôles. La mythologie grecque affuble de ses oreilles le roi Midas coupable d’avoir préféré Pan, le dieu champêtre, à Apollon, dieu des Muses. Dans son palais des environs de Ninive, le roi Korsabad organise des courses d’ânes.
On retrouve l’âne à la guerre où il forme les longues caravanes des convois militaires perses. Grâce à lui, Darius bat les Scythes venus du Nord. Ceux-ci sont effrayés par le braiement insolite de ces animaux qu’ils n’ont jamais entendus.
Les Romains vont trouver encore de nouvelles manières d’exploiter l’âne. Son sang, sa sueur, son urine deviennent de précieux remèdes. La peau de sa tête déposée au milieu d’un champ assure une belle récolte et les princesses des contes occidentaux ne répugnent pas à s’en vêtir.
Les Romains soignent leur beauté en s’appliquant sur le visage des tranches de pain trempées dans le lait d’ânesse. Et même Poppée, la femme de Néron, se fait accompagner à chaque voyage par quatre cents ânesses nourrices, ferrées d’or et sanglées de pierres précieuses, qui assurent de leur lait chaud ses deux bains quotidiens du matin et du soir. Mécène, qui lui trouve un goût de lièvre, le lance sur les tables de la Rome gastronomique et crée le saucisson d’âne qui se mange encore aujourd’hui.
Dans tout le monde animal, c’est surtout la vie de l’âne, bête de somme, bête à tout faire, qui a gardé, sans le moindre changement, les couleurs du passé.
Jacques Boudet, «Soumission, sans faiblesse, souffrances, c’est la douceur de l’âne», L’homme L’animal, Cent mille ans de vie commune, Paris, Éditions du Pont Royal, 1962.
Merci, Simon, pour le prêt de cet ouvrage.
Merci, Jean, pour ce chapiteau historié du Moyen Âge. Référence : Claude Wenzler et Hervé Champollion, Églises et cathédrales de la France médiévale (Éditions de Lodi, 2006), p. 98. Photographie de Hervé Champollion.