Où s’en va-t-on avec les huîtres ?
Les huîtres sont arrivées hier; les gourmets ont l’eau à la bouche à cette seule idée.
De fait, Montréal, consomme des huîtres en toutes saisons, mais quand on dit les huîtres, cela veut dire les Malpecques. Personne n’ose contester à ce succulent mollusque son titre de reine qui la fait l’égale, sinon la supérieure, de l’huître d’Ostende ou de la Marenne.
À la maison Hatton, où nous nous sommes adressés, on nous dit que, contrairement aux prévisions, les huîtres, cette année, se vendront moins cher que l’an dernier. Cela tient à ce que les huîtres d’année en année diminuent de qualité. Les bancs sont épuisés : les huîtres ne sont pas protégées.
Si cela continue, dans dix ans, nos huîtres seront une chose du passé comme les buffles de la prairie canadienne. L’an dernier, on a dû, en fin de saison, jeter au dépotoir trois ou quatre cents barils d’huîtres refusées par les consommateurs.
Les marchands n’achètent plus qu’avec une extrême prudence. Les arrivages de Malpecques diminuent, les premiers arrivages sont insignifiants. La moitié des huîtres offertes proviennent du marché américain.
Voilà une industrie en train de disparaître par suite du manque de mesures susceptibles de favoriser le repeuplement des bancs.
La Patrie (Montréal), 6 octobre 1910.