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Les Inuits ont leurs propres superstitions

Superstitions chez les InuitsDes croyances venus du Nord.

Chez les judéo-chrétiens, il y a, dirais-je, deux types de «paranormal» : le religieux, que l’Église a appelé le surnaturel, et le paranormal profane, qui est celui de tous les jours, avec des «manifestations» à l’occasion bien surprenantes. Et, dans ce dernier, nous trouvons ce que nous pourrions appeler le paranormal profane léger, le monde des superstitions.

Hier encore, quelqu’un me disait : «Lorsque ma mère joue aux cartes, sans le dire à personne, elle place sa clef sous sa chaise, ce qui l’assure de gagner». Voilà sans doute là une quête d’une aide extérieure à la condition humaine, recherche d’un quelconque pouvoir anonyme, non précisé. Aujourd’hui, en 2016, de semblables croyances, de semblables fois, courent toujours. Et pourquoi donc les réprimer, on vous dira que ça agrémente la vie.

Voici une courte ouverture sur des superstitions du Nord.

Une traduction anglaise récente d’un volume La Vie des Esquimaux, de l’illustre explorateur [Fridtjof] Nansen, nous remet sous les yeux, entre autres détails curieux, quelques bizarres superstitions hyperboréennes.

C’est ainsi que, si l’Esquimaux se refuse à secourir un homme qui se noie, ce n’est pas par indifférence de sauvage, ou par répugnance à toucher un mort, mais par crainte de la vengeance du démon de l’eau qu’il frustrerait d’une victime qui lui appartient. Cette croyance aux «démons», aux esprits provocateurs des hommes et des choses, est d’ailleurs extrêmement répandue et entraîne les conséquences les plus inattendues.

Quand l’Esquimaux passe à côté d’un glacier, il se garde bien de lui donner son nom, de peur que celui-ci ne s’offense et ne détache un iceberg. Le nom fait en effet partie de la personne ou de la chose, et celui qui le connaît acquiert une certaine puissance sur le propriétaire de ce nom, et peut employer cette puissance à lui nuire.

Pour la même raison, une personne ne peut jamais prendre le nom d’un mort. Si elle le porte déjà et qu’elle s’en aperçoive, il faut qu’elle le change et, si le mort portait le nom d’un animal, d’une plante, etc., le mot qui désigne cet objet doit être changé, ce qui entraîne d’importantes modifications temporaires dans la langue.

Toujours pour la même cause, les Groenlandais font difficilement connaître leur nom à un étranger. Ils brûleront ou cacheront de même les mèches de cheveux coupées, les débris de leurs ongles et jusqu’à leur salive.

 

Le Canada français (Saint-Jean-sur-Richelieu), 21 septembre 1894.

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