«La rhubarbe»
Il est bien étonnant que La Patrie propose à la mi-août un article sur la rhubarbe. La saison est passée, ma foi ! Mais voilà, c’est ainsi.
La rhubarbe est une excellente plante alimentaire dont nous [ne] pouvons nous dispenser de rappeler l’emploi. La tarte à la rhubarbe est supérieure comme goût et comme finesse à celle des groseilles. Les confitures plaisent moins à l’œil, à cause de leur couleur vert terne, mais elles n’en sont pas moins très délicates.
Quelques pieds de rhubarbe dans un jardin servent en même temps à sa décoration, le feuillage est ample et d’un beau vert, et les soins à donner à la plante sont presque nuls.
Cette plante se multiplie rarement de semés [sic] à la sortie de l’hiver, on éclate une souche d’un vieux pied, et on plante les éclats à trois pieds, en tous sens, en bonne terre fraîche et profonde, bien ameublie et bien froissée.
Il ne reste qu’à arroser quand il est nécessaire, à tenir la terre nette des mauvaises herbes aux alentours, à former un pied tous les deux ou trois ans, et à faire la chasse aux escargots qui trouvent le vivre et le couvert sous les feuilles de rhubarbe.
L’année suivante, on peut commencer à récolter les pétioles, et les mêmes pieds produisent abondamment pendant huit, dix ans, et même plus. On ne permet pas que les plantes fleurissent, les tiges florifères étant sans grand intérêt et épuisant la souche.
On augmente la longueur des pétioles en recouvrant, au printemps, les pieds de rhubarbe avec un petit baril défoncé, un cylindre de poterie ou un grand pot de jardin sans fond. Les feuilles s’allongent pour arriver à la lumière, et on a, de la sorte, des pétioles plus longues et plus étendues.
La Patrie (Montréal), 17 août 1901.