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À Pointe-des-Cascades, les filles sont rusées, mais les gars le sont tout autant

jeunes filles rouleesNous sommes dans le comté de Vaudreuil-Soulanges, au confluent du fleuve Saint-Laurent et de la rivière des Outaouais. Filles et gars sont gamins.

Les femmes sont si trompeuses. Elles savent si bien mentir que parfois les hommes sont justifiables d’user de stratagèmes pour découvrir la vérité.

Voilà qui nous explique, monsieur le rédacteur, une correspondance que vous reçûtes, la semaine dernière, de l’une de nos plus exquises naïades. Il était dit dans cette correspondance, si j’ai bonne mémoire, que dans notre village les gars, les beaux gars (c’est très flatteur pour nous, mais voilà qu’il l’est moins) avaient sommeil tout le temps, dans la verdeur des prés, et que les tendres villageoises jouissaient en vain des soupirs à déraciner les [mot illisible], lançaient inutilement des œillades tellement assassines que le chef de la police provinciale tient sur pied toute une escouade de policiers prêts à intervenir au bon moment contre ces provocations.

C’est alors que nos jeunes filles, par la plume de l’une d’elles, se sont adressées à votre journal pour faire savoir à vos lecteurs montréalais qu’ils seraient bienvenus chez nous. Qu’elles avaient comme tant d’autres le cœur à la bonne place et qu’elles n’avaient pas envie de laisser se faner leur beauté dans l’attente vaine d’un amoureux trop tardif.

Je suis heureux de vous apprendre que le coup a porté et que pour une fois nous avons roulé ces dames — on ne peut pas nous en vouloir, la chose ne nous étant pas coutumière.

Ce sommeil, ou plutôt cette indifférence que nous affectâmes, fut tout simplement le résultat d’une petite conspiration que nous ourdînes dans l’ombre afin de savoir si nos jolies «Cascadaises» (j’allais dire une énormité) ne se goussaient pas un peu de nous. C’est assez malin, n’est-ce pas ?

Mais, maintenant que nous voilà renseignés, nous «les beaux gars Cascadais», nous ne dormirons plus, je vous le jure, et si ces dames ont jamais un reproche à nous faire, ce sera certainement celui d’être trop vigilants. Avis aux amoureux de Montréal, qui n’auront que faire dans nos parages; ils feront mieux de ne pas essayer de venir nous enlever nos «blondes».

Un correspondant.

 

La Patrie (Montréal), 15 juillet 1902. Le quotidien, aussi gamin que les filles et les gars de Pointe-des-Cascades, fait la une de cette nouvelle.

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