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Que dire des mouches ?

Les mouchesLes mouches sont-elles utiles ?

S’il faut en croire le Scientific American, d’après le chimiste Emerson, la mouche est un animal utile.

La mouche, si incommode qu’elle soit, a, comme tout ce qui vit ici-bas une mission fort importante, qui doit lui faire pardonner les attaques obstinées dont nous sommes l’objet de sa part.

Regardez attentivement une mouche qui vient se reposer après avoir volé pendant quelque temps : vous lui verrez exécuter une série de mouvements qui vous rappelleront ceux du chat qui fait sa toilette ou de l’oiseau qui lustre ses plumes. Ce sont d’abord les pattes de derrière qui sont frottées l’une contre l’autre; puis chacune de celle-ci passe sur une aile; puis c’est autour des jambes de devant de se frictionner; enfin, vous verrez la trompe passer sur les jambes et sur les parties du corps qu’elle pourra atteindre.

Ce manège-là est-il fait dans un but de propreté seulement ? On l’a cru jusqu’ici; mais M. Emerson, un chimiste anglais, a récemment démontré qu’il était tout autrement. En plaçant une mouche, qu’il venait de prendre, sous un microscope, il vit qu’elle était couverte de poux d’une petitesse incroyable; il renouvela son expérience sur d’autres mouches et constata qu’il en était de même pour toutes.

Il remarqua ensuite que ces insectes passaient leur trompe sur leur corps là où il y avait des poux, et que les divers mouvements des pattes dont nous avons parlé n’avait d’autre but que de rassembler en un même point le plus de ces animalcules possible pour n’en faire qu’une bouchée. M. Emerson crut d’abord que c’était leur progéniture que dévoraient les mouches, car on sait qu’elles portent leurs petits attachés à leur corps, mais de nouvelles expériences le tirèrent bientôt de cette erreur.

Il mit, en effet, sous le microscope, un morceau de papier blanc sur lequel étaient posées deux mouches qui semblaient très occupées à manger quelque chose; il constata sur le papier les mêmes poux. Il essaya [sans doute enleva] alors le papier et le plaça en un lieu dont il prit soin qu’aucune mouche n’approcha; au bout d’un certain temps, il remit le papier sous un microscope et vit avec étonnement qu’il était couvert de poux. Ce n’était donc pas leurs petits que les mouches mangeaient, mais des animalcules qui flottaient dans l’air et s’accrochaient aux pattes, aux corps de celles-ci.

 

La Patrie (Montréal), 19 juillet 1884.

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