Inauguration de la statue de la place de la République à Paris
Depuis plusieurs mois maintenant, la place de la République à Paris est au cœur de l’actualité. Les Parisiens s’y retrouvent fréquemment par solidarité, dirais-je, devant tous les coups du sort que la Ville Lumière vit.
Le quotidien montréalais La Patrie, du 19 juillet 1883, citant le Herald de New York, nous amène à l’inauguration de cette statue, le jour de la fête nationale. Extraits.
L’attrait principal de la fête était, cette année, l’inauguration de la statue de la République sur la place de la République et le défilé des députations des diverses branches du commerce, des corporations, de sociétés de bienfaisance et de musique. Le voile qui recouvrait la statue a été enlevé à neuf heures précises, en présence de M. Mathé, président du conseil municipal et d’au moins cent mille spectateurs, tous ouvriers de Paris.
La grandeur de la statue est l’une des choses qui se recommande le plus à l’attention, et qui semble le plus avoir frappé mes voisins. «Dis donc, Augusse, disait un pâle voyou qui se trouvait à mes côtés, c’est le vieux de l’Élysée qui sera vexé de n’avoir pas vu ça». — «Et Ferry donc ? [Jules Ferry, homme politique, alors Président du Conseil]» riposta un aimable habitant de Belleville qui m’embaumait du parfum délicieux de l’ail.
Apparemment pour «Ferry» cette inauguration de la statue de la République était chose bien indifférente, car il s’en était tenu éloigné toute la journée, et a laissé le soin de faire des discours à ses bêtes noires, les conseillers municipaux, et à un amusant cocher de fiacre du genre ultrasocialiste, lequel, monté sur le piédestal du monument, a débité une poésie sanguinaire à la foule, l’exhortant à «combattre pour l’humanité et à mourir pour notre rouge drapeau».
Après avoir tenu sous le charme de sa parole ses milliers d’auditeurs, pendant au moins trois quarts d’heure, le cocher descendit majestueusement de son piédestal et se laissa porter en triomphe par la foule, jusqu’au coin de la rue voisine où il trouva dans sa voiture un client furieux, muet d’indignation, l’attendant pour être conduit à son domicile. L’apothéose du cocher de fiacre a été un des incidents les plus pittoresque de la fête.
Cet article est non signé.
L’illustration provient de la page Wikipédia consacrée au Monument de la République dit aussi Statue de la République.