Tout au cœur de l’été
Le soleil roussit l’herbe des pelouses, des tourbillons de poussière roulent dans l’espace, et sous les grands bois le cerf haletant soupire et brame au bord de la source tarie.
Pas un souffle de vent n’agite les charmilles, et les oiseaux ne chantent plus à leurs balcons de feuilles.
Tout à coup, un nuage frangé d’éclairs estompe le couchant… La foudre brille, éclate, jette de gorge en gorge ses détonations, le ciel s’ouvre, les blés s’inclinent sous l’ondée, et, durant quelques instants, la nature semble se prosterner en adoration.
L’averse a rafraîchi la terre, et la soirée est délicieuse.
Et, pour se délasser de la chaleur du jour, l’on s’assit aux portes où la brise vient nous apporter le parfum des foins et l’arôme des souvenirs.
La Patrie (Montréal), 19 juillet 1883.