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Nous voici chez les Miquelonais

Chez les MiquelonaisArrêtons-nous chez eux avec plaisir.

Le quotidien montréalais La Patrie est heureux de publier, à la une, cette nouvelle du Courrier des États-Unis fort imagée.

Le Courrier des États-Unis a publié une jolie correspondance sur les îles françaises, nos voisines, de St-Pierre et Miquelon.

La proximité de ces îles et leurs fréquentes relations avec le Canada rendent fort intéressante pour nous cette étude de mœurs dont voici quelques extraits :

Nous débarquons dimanche après-midi, à l’heure des vêpres. Très pittoresque la première vue de ce village de pêcheurs endimanchés et de pêcheuses qui se rendent en masse à la cathédrale, située sur la grand place avec son clocher et sa flèche bien en pointe. Les habitants des îles Miquelon ne sont ni plus ni moins que des familles normandes, bretonnes et du midi de la France.

Au nombre de sept, huit, dix mille, elles traversent chaque printemps l’Océan et sont de retour en leurs foyers avant Noël. Ceux des Miquelonais qui ne quittent jamais l’île ne parlent que le français, ou plutôt un patois normand très curieux à entendre, et leur attachement à la France est aussi sincère que caractéristique.

La ville de St-Pierre, très coquettement bâtie en pierres, est assise au pied d’une colline escarpée. La vue du port, avec ses centaines de bateaux de pêche, bricks, goélettes, etc., qui entrent, qui sortent, et qui portent tous le pavillon français, rappelle par bien des côtés nos grandes places maritimes. Les rues étroites et mal pavées ont leur cachet particulier. On y croise des jeunes filles allant puiser de l’eau sur la Grand Place, qui sont jolies et dévotes comme nos filles du Midi et qui n’oublient jamais de se signer devant les images des saints ou des madones, placées au coin des rues comme à Naples. Leurs amoureux qui les suivent de près portent la casquette de feutre propre au paysan béarnais, la blouse légendaire et les gros sabots.

Voici apparaître un attelage tiré par des bœufs dont le joug et les riches harnais sont pareils à ceux qu’on voit en Biscaye [une province au nord de l’Espagne]. Des chiens terreneuve débouchent partout, et quel air aristocratique n’ont-ils pas ! On croit les entendre dire : Avant les Français, nous étions les maîtres ici. Souvent le pavé leur appartient encore, car personne ne s’avise de les déranger pendant leurs combats quotidiens, sinon un autre de leur espèce. Les passants s’arrêtent, suivent les péripéties de la lutte et engagent des paris. Des gamins, de véritables gavroches, acclament le vainqueur, chantant la Marseillaise.

Saint-Pierre se distingue par ses brouillards, qui laissent loin derrière eux ceux de Londres. Sur les bords de la Tamise, on peut, dit-on, les couper au couteau; à Terre Neuve, il sont opaques comme les eaux de la mer Morte. Pendant toute leur durée, sonne le tocsin de l’alarme, et personne ne peut quitter le port, et y pénétrer, On en profite pour passer la journée dans les établissements où se salent et se sèchent les poissons.

Quand viennent les beaux jours, chacun est dehors, hommes, femmes, enfants, portant des rames, des sennes, des filets, des lignes, des voiles, des paniers, des cordages de toutes sortes et s’apprêtant à monter dans les gracieuses embarcations.

 

La Patrie (Montréal), 20 juillet 1885.

Vous trouverez ici les billets sur ce site faisant référence à Saint-Pierre et Miquelon.

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