Nous n’arriverons jamais à écrire l’histoire du mimétisme
Nous sommes trop jeunes. Il y a plusieurs milliers de millénaires, bien avant les premiers types qui vont conduire à ce que nous sommes, la vie avait imaginé cette avenue. Avant que nous fûmes, le mimétisme était là.
Apposer la couleur d’un être sur celle de l’autre qui vraiment s’apparente. Camouflage pour prédateur ou protection contre prédateur, c’est selon. L’art aussi de faire douter le plus perspicace observateur sur son compte. Quelle réalisation ! Et les opérations les plus réussies sont les moins détectables, bien sûr. Un mimétisme à demi est dangereux pour l’être qui y met toute sa confiance.
Histoire impossible de notre part, beaucoup trop jeunes, nous ignorons les dates repères de l’histoire du phénomène. D’ailleurs, y eut-il des moments charnières ? Peut-être pas. La réalisation de tout le processus est sans doute le fruit d’une longue et lente patience portée sans fin par des générations de vivants. Ce papillon-ci, à gauche, est venu de très loin, c’est certain. Il porte une très longue histoire, bien davantage que la nôtre. Il possède un si grand nombre d’ancêtres. Peut-être qu’un caméléon un brin bavard nous serait de quelque secours, nous permettrait de faire un bout de chemin ?
Les deux photographies de ce papillon, de dos et de profil, me parviennent de mon ami Jean. Il fallait vraiment veiller pour soudain apercevoir cet insecte. Il s’agirait du Sphinx du laurier (Sphinx kalmiae, Laurel Sphinx), de la famille des Sphingidae qui compte ici un peu plus d’une trentaine d’espèces, dont «presque toutes volent du crépuscule à tard dans la nuit» écrit l’entomologiste Jean-Paul Laplante.
Dans son livre Papillons et Chenilles du Québec et de l’est du Canada (Éditions France-Amérique, 1985), il note que, grâce à leur forme aérodynamique, les Sphinx sont conçus pour un vol puissant et rapide. Vivant de dix à vingt-cinq jours, certains peuvent atteindre une vitesse de 55 kilomètres à l’heure. Et il semble que toutes nos espèces passent l’hiver à l’état de chrysalide. «Quelques espèces se chrysalident dans le sol, parfois jusqu’à 12 cm de profondeur, d’autres, sous les pierres ou les débris végétaux ou encore se tissent un cocon lâche dans des feuilles mortes.»
Dans son guide d’identification Les Papillons du Québec (Éditions Broquet, 2011), Louis Handfield affirme que ce papillon est occasionnel dans la région de Québec, qu’il vient autant à la lumière qu’à la miellée, et qu’à la brunante, les fleurs de l’asclépiade l’attirent «irrésistiblement». Handfield raconte «une belle soirée», le 23 juillet 1972, à Contrecœur. «… juste à la fin du crépuscule, nous avons déjà récolté plusieurs spécimens se délectant de la miellée posée sur des troncs d’arbre d’un boisé bordant un endroit marécageux; les voir se délecter ainsi en vol, en faisant du «sur place», reculant, revenant, est fascinant.»
Bravo, cher Jean, pour cette observation.
Questions. Où se cache la mémoire de ce papillon qui est allé se poser sur l’écorce du gadelier de mon ami ? D’où ce génie lui vient-il ? Comment lui fut-il transmis, à lui qui ne vit que quelques jours dans cet état ? Honneur.
Bonjour, je me suis levé un matin(aujourd’hui )
Et j’ai découvert ce beau gros papillon sur ma brique
Avant juste à côté de ma porte d’entrée et mon luminaires.
J’étais curieuse d’en apprendre plus sur cet insecte, c’est pourquoi ma visite sur ce site. Je l’ai en photo et je vous remercie pour les renseignements que je viens d’apprendre.
C’est dommage que je ne puisse vous l’envoyer en photo.
Pour votre information sur son habitat, je suis de la région de Repentigny, Québec.
Bravo pour cette observation, chère Danielle.
Vous pouvez me l’envoyer en photo. Plutôt que via un commentaire, vous l’envoyez attaché à un courriel.