À Montréal, on a beaucoup aimé le cirque de Buffalo Bill
C’est peut-être le cirque de Buffalo Bill qui reste le plus populaire, et, en effet, il n’y a que le nom légendaire du célèbre cavalier pour attirer, malgré la chaleur qui vous suffoque sous des toiles à la couleur de suie, des milliers de gens venus non seulement de la ville, mais aussi de toutes les campagnes environnantes.
Buffalo Bill est très vieux [63 ans], mais il a une allure toute militaire sur son grand chevalet c’est le plus beau cavalier qui soit. Qu’il lance son cheval au grand galop, qu’il le fasse se cabrer, il se tient aussi droit et aussi vigoureux que s’il avait vingt ans. Il en est de même lorsqu’il tire du fusil; les boules blanches qu’on jette dans l’espace sont atteintes toutes par la balle du fameux tireur. Il a, comme disaient des voisins au cirque, il a bon pied, bon œil.
On doit dire qu’il a été applaudi chaque fois qu’il a apparu sur la piste du cirque.
La représentation comprenait plusieurs numéros, comme par exemple la parade des Peaux-Rouges avec Buffalo Bill, et celle des équipes militaires des différentes nationalités, avec Pawnee Bill.
Mais ce qui a paru le plus intéresser les spectateurs, ce fut l’attaque du camp des Indiens, le soir, par Buffalo Bill et ses cowboys. Ce fut aussi l’attaque d’un train de voyageurs dans le Colorado, puis une joute de «football» à cheval. Cette partie se joue avec un ballon de huit pieds de diamètre [plus de deux mètres].
Les éléphants de Rossi, dans leurs différents exercices, ont amusé tout le monde. Rien de plus drôle que de les entendre jouer du trombone. Des jongleurs japonais font des tours de passe-passe d’une grande dextérité. Des acrobates turcs émerveillent les spectateurs avec leurs tours de force et leurs sauts périlleux.
Mais tout l’intérêt de la représentation porte sur des exercices d’équitation. Nulle part ailleurs qu’au cirque de Buffalo Bill, on voit d’aussi fameux cavaliers. Les plus fougueux bronchos sont bien vite maîtrisés par ces cavaliers, dont la plupart ont habité les ranchs de l’Ouest.
Il y avait, à la représentation d’hier soir, environ 10,000 spectateurs.
La Patrie (Montréal), 22 juin 1909.