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L’eau du robinet est vivante !

eau de Londres

Prudence avec l’eau du robinet.

Commentant un travail soumis à la Société Royale du Canada, par le professeur Harrison du Collège Macdonald, de Sainte-Anne[-de-Bellevue], démontrant que l’eau de Montréal contient des bacilles vivants, par suite de la contamination par les égouts de Ottawa, Hull et Hawkesbury, le Doyen Adams, de la Faculté des Sciences appliquées de McGill, dit qu’il n’y a qu’un seul moyen d’obtenir de l’eau pure, c’est de la filtrer.

Aux grands maux, les grands remèdes, dit M. Adams. Il est clair, dit-il, que le bacille ne perd rien de son activité, par suite de la distance qu’il lui faut parcourir pour atteindre notre ville.

L’eau de l’Ottawa [la rivières des Outouais], qui reçoit les égouts de la capitale [Ottawa], Hull et Hawkesbury, dont la population réunie atteint 100,000 âmes, prend quatre jours pour franchir cette distance et des expériences ont prouvé que le bacille vit dans un vase clos pendant vingt, cinquante et jusqu’à quatre-vingts jours, c’est-à-dire que l’eau qui le contient est rendu à la mer lorsque le bacille est inoffensif. Il a été prouvé de plus qu’au-delà des villes mentionnées l’eau de l’Ottawa est pure.

Or pour la débarrasser des germes qu’elle contient, une fois rendue ici, il faut la vérifier, à l’exemple des autres grandes villes d’Europe et d’Amérique. M. Adams cite le cas de villes de Hambourg et Altona, deux villes voisines dont la seconde était dotée d’un bassin de filtration et la première buvait de l’eau contaminée, Une épidémie de choléra survint : Hambourg fut ravagée et Altona fut indemne.

M. Adams admet que l’eau dont s’approvisionne Montréal est mêlée à celle du St-Laurent, mais il se demande si l’eau chargée des égouts des villes américaines et canadiennes est meilleure que l’autre. Il conclut en disant que puisqu’il est impossible de se procurer de l’eau pure, il est devenu nécessaire de la filtrer et sans délai.

Interrogé au sujet de l’eau des montagnes Laurentides, M. Adams dit que cette eau peut être plus pure que la nôtre, mais l’augmentation des populations qui habitent ces régions finira par la contaminer.

 

La Patrie (Montréal), 2 juin 1909.

Au même moment, prudemment pour ne pas alarmer la population, un important hôpital anglophone de Montréal publiait un communiqué pour dire qu’il cessait de faire bouillir l’eau du robinet pour ses patients et s’alimenterait désormais dans un profond puits artésien qu’il vient de faire construire.

L’illustration provient de la revue La Nature (Paris), tome 16, 1881, p. 165.

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