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Pierre de Ronsard a vu passer la chasse-galerie

Page couverture coupeeLa chasse-galerie est très populaire au Québec. Nous avons étoffé, nous avons coloré ce «thème» au fil du temps pour en faire un conte dit traditionnel. Il en existe différentes versions. Celle de F.-H. St-Germain, par exemple. Celle d’un certain J. Grignon. Mais la plus connue est celle d’Honoré Beaugrand, parue d’abord dans La Patrie, quotidien montréalais, du 13 décembre 1891.

Bien qu’elle ne portait pas ce nom, la chasse-galerie fut apportée de France. Au 16e siècle, la nuit venue, on peut la voir ou l’entendre passer, et on la craint. On l’appelle alors chasse Hellequin, chasse Helquin ou chasse Infernale. Le 14 avril 1553, dans son Journal, le Sire de Gouberville écrit :

Le vendredi XIIIIe jour, je ne bougé de céans. Apprès desjeuner je m’en allé à Saulsemenil, chez Thomas Mouchel, maistre Françoys avecques moy, où nous fusmes bien deux heures, et fi fère de grandes terrines, qui avoyent deux pieds d’ouverture, à Roger Mouchel. Je prins quatre greffes en ung pommier dud. Mouchel, lesquelles je greffé au jardin de la Grange quand je revins. Symonnet et Moysson furent à la chasse et prindrent ung lièvre. Il estoyt toute nuict quand ilz en revindrent, et disent qu’ilz avoyent ouy la chasse Helquin au Vieil-Bosc.

Le poète Pierre de Ronsard (1524-1585) — oui, celui de Mignonne , allons voir si la rose qui ce matin était éclose… — savait comment s’y prendre avec l’épée pour se sortir d’une pareille situation. Le grand historien Lucien Febvre écrit :

… Ronsard nous conte comment, un soir, allant voir sa maîtresse,

Tout seul outre le Loir,

il vit passer dans l’air la Chasse infernale, et serait tombé mort s’il n’avait eu l’idée

De tirer son épée et de couper menu

L’air tout autour de lui, avecques le fer nu…

 

Lucien Febvre, Le problème de l’incroyance au 16e siècle. La religion de Rabelais, Paris, Édition Albin Michel, 1968, p. 407, 413.

L’illustration est la page couverture du livre de Claude Aubry, Légendes du Canada français, Hull, Édition de l’Espoir, deuxième édition, 1977. Tout en bas, la mention «Large vision» signifie que l’ouvrage est conçu dans le but de rendre plus facile la lecture aux personnes moins jeunes et aux mal-voyants.

Sur la chasse-galerie, voir ces billets où il en est fait mention.

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