De Jean-Marie Gustave Le Clézio
Extrait d’un livre très zen de Le Clézio. Voici un passage du quatrième de couverture : Ceci est peut-être aussi, tout simplement, l’histoire d’un petit garçon inconnu qui se promène au hasard sur la terre, pas loin de la mer, un peu perdu dans les nuages — et qui aime la lumière extrême du jour.
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C’est bien, le passage des heures, le passage des jours. C’est drôle et émouvant, cela trouble, enivre, fait frissonner. Parler du temps, compter le temps, à quoi bon ? Mais suivre le passage de la lumière, du gris au blanc, du blanc au jaune, du jaune au gris, comme cela, chaque jour, avec tant d’infinies nuances qu’il faudrait que chaque seconde ait mille secondes, et que chacune de ces milles secondes ne règne que sur une aire de quelques centimètres carrés.
C’est ce qui se passe ici, c’est ce qui se passe. C’est ce qui vient, puis s’en va, glissant le long de son ellipse.
Le vent du matin.
L’aurore sur la mer.
Le soleil qui brûle à treize heures.
Le sommeil de l’après-midi.
La brume vers le soir, l’orage à l’horizon.
La nuit noire, le froid.
Les trois étoiles de la ceinture d’Orion.
Les oiseaux passent dans le ciel. Les lézards savent l’heure.
Les bruits, les odeurs vont et viennent au-dessus des jardins clos.
La fatigue passe, comme une main qui vous couche.
C’est ce qui se passe ici, ce qui se passe.
J. M. G. Le Clézio, L’inconnu sur la terre, Paris, Éditions Gallimard, 1978. Cet ouvrage provient de ma bibliothèque de livres de sagesse.