«Innovation désirable»
Le Québec est un pays où, en règle générale et bon an mal an, il pleut ou il neige six jours sur dix. Qu’advient-il alors du courrier mal protégé ? À Québec, le quotidien Le Canadien, dans son édition du 31 mai 1884, critique cette façon de faire.
Au risque de mécontenter légèrement les facteurs de la poste, disons un mot d’une innovation dont le besoin se fait sentir depuis longtemps.
Chacun a pu remarquer que même lorsqu’il pleut, les facteurs de la poste portent à la main et à découvert le paquet de lettres et de journaux qu’ils sont chargés de livrer à domicile. Or, ne peut-il pas arriver qu’une lettre glisse hors du paquet et se perde ? Et, dans tous les cas, la pluie ne peut-elle pas détériorer et maculer des journaux que l’on conserve précieusement et même des lettres au point d’en rendre la lecture très difficile ? Cela peut certainement arriver, et cela est même déjà arrivé.
Dès lors, pourquoi ne ferait-on pas ici comme ailleurs, et ne donnerait-on pas aux facteurs une boîte ou un sac très portatif et d’apparence convenable, pour y placer les lettres et les journaux à l’abri du mauvais temps et en même temps ne pas être exposé à en perdre. Ils pourraient aussi de cette manière se munir de tout ce qu’il faut pour écrire.
En faisant cette suggestion, nous nous faisons certainement l’interprète de beaucoup de personnes. Aux autorités maintenant à juger de l’opportunité de la chose et d’aviser aux moyens de mettre le projet à exécution si elles le jugent à propos.
La photographie du facteur prise par Conrad Poirier en 1947 est déposée à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec dans le Vieux-Montréal, Fonds Conrad Poirier, Photographies, cote : P48,1,P15150.