L’araignée à grand’pattes
Au Québec, nous l’avons toujours appelée, me semble bien, «l’araignée à grand’pattes». Or, ce n’est pas une araignée, il s’agit de l’opillon, dit aussi «faucheux» en France, un sous-ordre de la famille des arachnides, comme les araignées, les scorpions et les acariens.
Chez moi, il aime le papier-brique du mur de la maison sous la galerie arrière, sans doute parce qu’il n’a pas à composer avec les enfarges de l’herbe, du foin, des milieux accidentés.
Dans son ouvrage L’Arche de Noé (Paris, Librairie théâtrale, 1911), le romancier, poète et journaliste français Miguel Zamacoïs (1866-1955) lui rend hommage.
Le faucheux
Boulette de mie de pain
En haut d’un échafaudage,
Le faucheux, clopant-clopin,
Déambule dans l’herbage.
Gigantesque rien du tout,
Nain sur des longues échasses,
Il paraît bâti surtout
Pour dévorer … des espaces !
Et simplement on dirait,
(Phénomène ambulatoire),
Un veilleur qui marcherait
Avec son observatoire;
Un ballon qui traînerait
D’interminables cordages;
Un monsieur qui s’en irait
Emportant ses cinq étages; […]
Parmi les insectes c’est,
Affolé par des peurs bleues,
Un pauvre Petit Poucet
Dans des bottes de sept lieues.
Il va par monts et par vaux,
Souple, élastique et flexible,
Franchit pics et caniveaux
Pour fuir un ogre invisible.
Il arpente, il est lancé !
Il enjambe, il se dépêche…
Il a bien cet air pressé
D’un qui porte une dépêche. […]
Et ce courrier aux grands pas,
Très exact coûte que coûte,
Ne s’arrête même pas
S’il perd une jambe en route !
L’illustration coiffe ce poème de Miguel Zamacoïs dans L’Arche de Noé.
Merci à mon bouquiniste Michel Roy pour le prêt de cet ouvrage.
Un souvenir d’enfance me revient à la lecture de cette publication et… qui n’est pas très glorieux, ma foi ! Quand j’étais petite fille, avec les petites voisines, quand nous trouvions une « araignée à grand’ pattes », nous nous amusions à lui arracher ses pattes une après l’autre… Quand j’y pense, un long frisson me passe dans le dos… Cruauté terrible que ce jeu d’enfant !
Nous, c’était les sauterelles. «Donne-moi du miel ou bien je te tue.» Cruauté , en effet !
Mais je crois que nos parents étaient bien pauvres en ce qui concerne l’éducation à la Nature. Personnellement, mes enfants ont cheminé avec moi.
Pourtant, pourtant… ma mère aimait tellement les oiseaux, nous apprenant leurs noms ainsi que ceux des fleurs sauvages, livre à la main pour les identifier… Elle avait un soir attrapé au vol des lucioles, dans un pot, pour nous les montrer le lendemain matin dans la noirceur d’un garde-robe(et les avait relâchées ensuite, il va sans dire). Nos petits larcins avec les araignées restaient cachés… On ne s’en vantait pas !
Tant mieux, cette présence maternelle !