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Une histoire difficilement supportable

homme femme

Nous sommes dans l’État américain du Massachusetts.

Jeudi soir, arrivait à Lowell un personnage étrange. C’était l’homme femme que beaucoup de gens ont vu parader dans les rues de cette ville, toujours suivi par une foule de curieux.

Malgré sa toilette féminine, ses traits fortement accentués indiquaient qu’il appartenait au sexe fort. Il portait un chapeau à la mode et des lunettes bleues, qui lui donnaient un air tout à fait drôle.

Il alla passer la soirée, jeudi soir, à l’Opera House, et pendant un entracte il est sorti. On le suivit jusqu’à une maison de la rue Church où il entra pour n’en sortir que le lendemain matin.

Comme il était en train de faire une promenade, la police interrompit sa carrière en le conduisant au poste, où il déclara se nommer Rignold Culton et admit être un homme.

On apprit qu’il venait de Pictou, Nouvelle-Écosse, et avait été arrêté à Boston il y a quelque temps, pour s’être promené dans les rues déguisé en femme.

La Police de Boston s’aperçut bien vite qu’elle avait affaire à un toqué et l’envoya au bout de quelques jours à l’asile de Tewksbury. Les directeurs de cette institution ne le trouvèrent pas assez fou pour le garder sous leurs soins et, comme il demanda de retourner dans sa ville natale, ils lui fournirent des vêtements d’homme et le remirent en liberté.

Au poste de police de cette ville, il a raconté qu’il était en route pour New York et était arrêté à Lowell pour s’y reposer.

La police ne sait pas trop quoi en faire; elle le fera probablement examiner par un médecin aliéniste.

 

Le Canada français (Saint-Jean-sur-Richelieu), 17 mai 1895.

Comme je l’écrivais, dépouillant la presse québécoise d’autrefois, qui voudra s’appuyer sur ces journaux pour faire l’histoire de l’homosexualité masculine ou féminine, par exemple, peinera, car c’est le silence.

Un jour d’octobre 2012, parmi de nouvelles avenues historiques à documenter pour la région de Québec, je proposais «Qu’était-ce vivre dans la marge à Québec ?». La question n’eut jamais de suite. Voir ce billet.

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