Funérailles chinoises
Voici une pièce à mettre au dossier de l’histoire des Chinois au Québec. Elle provient du quotidien montréalais La Patrie du 8 mai 1894.
Samedi [le 5 mai], un Chinois nommé Lee Chin a été inhumé au cimetière Mont-Royal. C’est la première fois qu’un fils du Céleste Empire est inhumé à Montréal. Aussi le spectacle était étrange pour les nombreuses personnes qui l’ont suivi.
Toutes les coutumes pratiquées en Chine ont été religieusement suivies à ces funérailles.
Le cortège partit de la rue Lagauchetière et monta l’avenue des Pins. Deux Chinois marchaient en tête, jouant des instruments de musique. Ils étaient suivis de quatre autres Chinois se morfondant à jouer d’autres instruments de musique d’un genre tout nouveau.
Les prêtres venaient ensuite, drapés dans de larges manteaux, graves comme des divinités antiques, portant des flambeaux répandant des odeurs d’encens.
Le foule formait le cortège, en fumant, en parlant comme à l’ordinaire, sans paraître le moins du monde avoir de la peine.
Avant la sépulture, on fit encore bien des cérémonies. Des paquets de riz, du poisson et de la viande furent placés dans la tombe. Les Chinois croient que les morts mangent jusqu’à ce qu’il leur soit permis d’entrer dans leur demeure future, après avoir passé quelque temps sous la terre.
Comme un Chinois croit qu’il est impossible à un mort de voir sa demeure dernière avant que ses os soient blanchis en Chine, Lee Chin sera exhumé dans quelque temps, et tout ce qui restera de sa dépouille mortelle sera expédié dans sa lointaine patrie.