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Même au début de mai, on n’en a pas fini avec les inondations

eglise de Sainte Anne de la Perade

La nouvelle parvient du correspondant du quotidien montréalais La Patrie à Sainte-Anne-de-la-Pérade, à quelques 45 kilomètres à l’est de Trois-Rivières.

Sous l’influence d’un grand vent du nord, et par suite de la descente des glaces du lac St-Pierre, les eaux de la rivière Ste-Anne ont grossi soudain d’une manière inquiétante.

À l’heure qu’il est, sur une superficie de plusieurs arpents, l’eau a tout envahi. Elle a atteint, sur les propriétés habitées une profondeur de deux pieds [un peu plus d’un demi mètre], de sorte que le niveau de l’eau envahissante se trouve être au niveau de l’eau de la rivière, ce qui fait que sur une vaste étendue, l’œil embrasse une immense nappe d’eau.

C’est la première fois depuis douze ans que l’eau atteint un niveau aussi élevé.

Dans la partie ouest du village de Ste-Anne de la Pérade, partie inondée, la circulation est interrompue et les marchands chôment.

Ceux qui ont besoin de circuler doivent le faire en canot ou en chaloupe.

Remarquez que, bien que l’eau n’ait atteint jusqu’ici que la hauteur mentionnée plus haut, les dommages qu’elle a causés sont déjà considérables.

Nombreuses sont les familles qui ont dû abandonner leur domicile pour se loger ailleurs, l’eau envahissant les appartements avec une rapidité surprenante.

Et, chose étrange, c’est que la glace de notre rivière tient encore bon et qu’à part quelques fissures par où l’eau jaillit, il ne semble pas que la glace soit mûre pour la débâcle. […]

Et on ne sait pas encore comment tout cela finira.

De deux choses l’une, ou l’eau baissera ou elle montera encore. Si elle baisse, tant mieux, mais si elle monte encore, l’effet va être désastreux, et ça nous rappellera cette épouvantable inondation que nous avons eue en 1896, alors que toutes les maisons étaient à moitié submergées, que les familles, surprises la nuit dans leurs lits par l’eau montante, jetaient des cris désespérés et appelaient au secours.

Il y eût alors de véritables drames de sauvetage.

Espérons, cependant, qu’il n’en sera pas ainsi, cette année, et que l’on en sera quitte pour quelques dommages peu considérables.

 

La Patrie, 29 avril 1908.

Sur la photographie prise depuis la rive sud du fleuve Saint-Laurent, on distingue au loin l’église de Sainte-Anne-de-la-Pérade.

riviere qui deborde

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