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À la campagne, on aimait les beaux attelages

attelage de Marcel Gagnon

C’est là l’avis du Nicolétain F. H. St-Germain.

Les Canadiens-français ont toujours aimé avoir un bon cheval et le tenir bien gras.

Certes, non pères avaient été heureux dans le choix qu’ils avaient fait de leur race de chevaux, qui, encore de nos jours, jouissent d’une grande renommée pour leur force d’endurance et leur grande vigueur : aussi en avaient-ils grand soin.

On aimait avoir un cheval gras, avec le poil luisant; on ajoutait à l’apparence du cheval en le harnachant le plus richement possible.

On achetait un harnais, qu’on appelait à bossettes, soit blanches ou jaunes. Ces bossettes étaient de petites plaques en cuivre de trois quarts de pouce carré et une ligne d’épaisseur, et étaient réparties sur tout le harnais, à une distance de huit pouces les unes des autres. On payait ce harnais vingt-cinq ou trente piastres et même plus.

Il fallait être surpris par l’orage bien subitement pour que le harnais soit mouillé, car on ne s’en servait ordinairement qu’à bonne enseigne.

Quant à la voiture d’été, l’homme riche ou le cultivateur à l’aise se payait le luxe d’une calèche ou d’un cabriolet. La calèche était une très bonne voiture, coûtant cinquante ou soixante piastres; elle était montée sur des crics en fer, reliés entre eux par des ressorts ou traits en cuir de vache marine, qui avait une épaisseur de près d’un pouce.

On avait grand soin de ne pas trop serrer les crics, afin de laisser un petit espace pour que le train de la voiture occasionnât un certain bruit, très flatteur pour l’occupant de la voiture, qui attirait par là les regards de ses concitoyens, et ces derniers ne manquaient pas de faire des remarques à l’avantage de l’heureux propriétaire du beau cheval, du beau harnais et de la belle calèche.

Mais il n’était pas donné à tous les cultivateurs d’avoir un équipage comme celui que je viens de décrire; il n’y en avait que cinq ou six dans une paroisse qui pouvaient se payer un luxe pareil. Ce n’était ordinairement que les gros bonnets de la localité que l’on voyait passer avec ces précieuses voitures. C’était monsieur le Curé, monsieur le Seigneur, le Colonel, le Capitaine de milice, quelquefois aussi un voyageur arrivant du Nord-Ouest, qui voulait éblouir ou se venger d’un ancien rival qui, avant son départ pour Là Haut, l’avait fait éconduire pour une fille qu’il convoitait.

Mais depuis qu’il était de retour, que les choses étaient changées ! il ne savait vraiment pas comment s’y prendre pour répondre à toutes les invitations, à toutes les œillades que les jeunes filles lui lançaient; quelquefois, les mères se mettaient de la partie; on le cajolait, on le vantait, tant et si bien qu’il en était ébloui, et, se lançant à faire des présents à droite et à gauche, il dissipait en quelques mois le fruit de son travail pendant plusieurs années ! !…

La voiture ordinaire était la charrette, voiture à deux roues, avec ressorts en bois. Cette charrette n’avait qu’un siège; quand on voulait en augmenter le nombre, on mettait une ou deux chaises.

 

F.-H. St-Germain, Charles Héon, Fondateur de la Paroisse de Saint-Louis de Blandford, Premier colon du comté d’Arthabaska, Mœurs, coutumes, Épisodes de la vie d’autrefois (Arthabaska, 1905), p. 23-25.

L’attelage est une création de l’artisan Marcel Gagnon, de Saint-Nicolas.

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