Dormeux, dormeuses, avez-vous vu le parhélie ?
Les personnes qui sont sorties assez de bonne heure ce matin pour voir le soleil sortir de la brume ont été témoins d’un spectacle qui se rencontre assez rarement dans nos régions.
Le froid avait fait de l’atmosphère saturée d’humidité ou brouillard assez dense, et les milliards de microscopiques prismes de glace flottante dans l’atmosphère réfractaient les rayons lumineux de façon à former une parhélie [sic].
Le phénomène qui dura environ une demi-heure était dans toute son intensité vers 7.15 heures. Le soleil n’émettaient des rayons visibles que selon son axe horizontal, les autres étant absorbés par le brouillard, et la croix ainsi formée était reproduite avec sa coloration jaune et orangée à gauche et à droite dans un angle visuel d’environ 25 degrés, celle à la gauche de l’observateur bien visible, celle de droite plus pâle.
Vers 7.30 heures cependant, la chaleur solaire avait presque fondu le brouillard glacé et la parhélie s’évanouit, tandis que les rayons reprenait leur apparence habituelle.
Ce phénomène est d’une splendeur inouïe dans les régions boréales où il semble que le soleil se soit quadruplé dans sa croix de rayons. Il n’est jamais visible dans les régions tropicales et il ne l’est que très rarement sous nos climats.
Pour qu’il se produise, il faut que l’humidité cristallisée en prismes par un froid assez intense soit illuminée sans être fondue par le soleil.
La Patrie (Montréal), 16 février 1905.