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Des temps difficiles pour la Bretagne

Aurey en BretagneDans sa page éditoriale du 12 février 1903, le quotidien montréalais La Patrie tient à informer son public lecteur sur les problèmes que vit alors la Bretagne.

Beaucoup de nos ancêtres sont venus de la Bretagne. Il est donc naturel que nous ayons de chaudes sympathies pour ce coin de terre française.

Il y a en ce moment, dans la région qui s’étend de Brest à la frontière du Morbihan, cent mille personnes, hommes, femmes et enfants, qui meurent littéralement de faim.

C’est là le langage que tient le «Temps».

La population de la Bretagne vit à peu près exclusivement de la pêche à la sardine. Dans les bonnes années, les pêcheurs gagnent une moyenne de cinq cents francs par an — cent dollars.

Pendant que les hommes se livrent au rude métier que leurs pères ont pratiqué depuis des siècles, les femmes restent à la maison et cultivent les quelques âcres de sol qui entourent les habitations.

Il y a une dizaine d’années, la sardine avait abandonné les côtes du Finistère. Les pêcheurs allèrent la trouver en Portugal. Mais les frais de déplacement absorbèrent le plus clair des revenus.

La hausse de l’appât nécessaire à la pêche à la sardine est venue compliquer la situation, en empêchant les patrons d’armer leurs bateaux pour la pêche lointaine.

L’on dit qu’un malheur en attire un autre : la récolte de la pomme de terre, en raison de l’humidité de la saison, a manqué. La pomme de terre est à la Bretagne ce qu’elle est à l’Irlande.

Des centaines de familles errent sur les routes implorant la charité.

C’est une disette telle que dans toute la France l’on s’en est profondément ému.

Une souscription publique a été ouverte.

L’empereur de Russie a envoyé vingt milles francs au Président Loubet.

La terre de Bretagne n’est pas fertile. Rien n’est plus beau, n’est plus pittoresque que la Bretagne, l’été. Ses coteaux verdoyants, les ondulations de son territoire, sont d’un pittoresque qui fait l’admiration de l’étranger. Mais le sol est rocailleux, et la masse de la population vit dans un état de gêne perpétuelle. Sous le toit des chaumières couvertes de verdure, habitent des familles nombreuses qui n’ont jamais connu l’aisance. Il est rare que l’on y mange de la viande !

Il n’est pas de meilleure population que celle de cette vieille province.

 

La carte postale d’Aurey, dans le département du Morbihan, en Bretagne, est déposée à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Québec, Collection Magella Bureau, Cartes postale illustrant des lieux, France, cote : P547, S1, SS3, D114.

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