«Notations brèves»
En 1899, un certain Paul Falcon est chroniqueur à Montréal pour l’hebdomadaire L’Avenir du Nord, publié à Saint-Jérôme. Et plus souvent qu’autrement, il s’amuse. Du moins, il sait rire.
Cueilli dans un journal agricole : «On dit les citrouilles excellentes pour engraisser les porcs, mais nous n’en avons jamais fait l’expérience personnellement».
Une institution bien connue vient de distribuer des cartes d’admission pour la saison 1899. Au dos de la carte, on lit : «On ne sera pas admis à moins de se présenter soi-même».
Lu dans les annonces d’un journal du matin : «Quiconque prouvera que mon cacao est nuisible à la santé en recevra gratuitement dix boîtes d’une livre».
Une excellente nouvelle du «Canard» :
— Est-il vrai, papa, qu’il y a d’honnêtes bandits ?
— Non, mon fils, c’est une légende. Les bandits sont tout aussi malhonnêtes que les autres gens.
Enfin voici un comble :
J’extrais ce qui suite de L’Écho de Paris du 27 janvier 1899 :
«Félix 1er, roi de tous les Canadas.
«Les journaux canadiens s’occupent en ce moment d’un original qui s’est proclamé récemment roi de tous les Canadas, sous le nom de Félix 1er. Ce monarque in partibus est un pauvre diable qui vit de la charité publique.
«Il se promène dans les rues de Montréal, sceptre en main, couronne en tête; son sceptre est représenté par une vieille canne de tambour-major, sa couronne est en papier.
«Les gamins de Montréal, à la vue de Félix, crient : «Vive le Roy !» et le souverain salue noblement.
Voici quelques jours à Montréal, fut organisé une fête de charité. On construisit à l’usage de Félix 1er un char royal : traîné par six chevaux blancs, ce char promena toute une journée le roi de tous les Canadas, vêtu de pourpre et d’or.
«Ce fut le plus beau jour de la vie du pauvre détraqué.
«On a l’imagination chaude à L’Écho de Paris.»
L’Avenir du Nord (Saint-Jérôme), 24 février 1899.
