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Le Père Noël s’impose

Pere noel, annonce de Carsley, La Patrie, 9 dec. 1902

En 1900, au Québec, le Père Noël est en train de déclasser l’Enfant Jésus. À la vérité, on assiste à un véritable glissement à l’intérieur du temps des Fêtes. Historiquement, les étrennes étaient apportées par l’Enfant Jésus au cours de la nuit du Jour de l’An. Mais voilà que, chez les Anglophones, elles sont données par le Père Noël au cours de la nuit de Noël.

Sans que cela soit dit alors, sans même que beaucoup ne s’en rendent compte, il s’agit d’un combat entre le commerce et l’Église, et le commerce n’a pas meilleure arme que le Père Noël. Et déjà celui-ci s’impose. Les enfants ne se font pas prier pour l’adopter… de connivence bien sûr avec les parents.

On dessinera le bonhomme, on le crayonnera de toutes les manières, pas toujours géniales d’ailleurs, mais qu’importe, le personnage rend heureux les enfants… et les commerçants. L’Église n’a qu’à s’y faire.

Cela dit, il y a résistance. Rappelez-vous l’attaque en règle du Progrès du Saguenay (Chicoutimi), le 13 décembre 1906. Ô là là ! Mais le combat est désespéré.

Voici ici ce qui m’apparaît être à ce jour le second défilé du Père Noël après celui, coup de génie, des Magasins Paquet, à Québec en 1906. Cette fois-ci, on retrouve le personnage à Louiseville, à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Trois-Rivières, sur la rive nord du Saint-Laurent. Nous sommes en décembre 1909. Le journal de Trois-Rivières, Le Bien public, en est fort mécontent, laissant même entendre que le personnage avait bu.

Le 17 décembre 1909, dans sa section des faits divers, il écrit :

Comme nous l’avait appris une annonce d’une belle facture littéraire (style Ladébauche), l’affreux bonhomme Santa Claus a poussé une visite jusqu’à Louiseville.

Une foule compacte d’enfants se pressait au devant du célèbre personnage autant pour s’égayer de son accoutrement bizarre que pour admirer les monceaux de jouets de de biblots [sic] dont il était chargé.

Notre illustre visiteur parcourut, en carrosse, toutes les rues du village, attirant à sa suite une foule de curieux. Une seule fois, il se hasarda à dire quelques mots : «J’arrive du Pôle Nord, dit-il, le froid y est intense».

Nous n’avons pas eu peine à le croire et nous avons constaté qu’il avait éprouvé le besoin de se réchauffer.

N’est-il pas regrettable qu’un si triste personnage tende de plus en plus à s’emparer, même dans nos meilleures familles, du rôle charmant qu’y remplissait autrefois auprès des petits, le gracieux Enfant Jésus.

 

L’annonce ci-haut est celle des magasins Carsley, à Montréal, parue dans La Patrie du 9 décembre 1902. Elle invite les enfants à venir le voir dans sa grotte chez Carsley. Le premier défilé du Père Noël dans les rues de Montréal apparaît en 1925.

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