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Déjà le réchauffement climatique ?

rechauffement climatiqueRéflexion autour de cette question dans le quotidien La Patrie du 25 novembre 1905.

On nous a tant parlé du refroidissement progressif de la terre qu’aujourd’hui nous acceptons sans murmurer les bizarreries des saisons. Déjà, nous trouvons très naturel de grelotter durant tout le printemps, de ne quitter nos vêtements chauds qu’en juin et de commencer à faire du feu dans nos appartements dès la rentrée, au commencement du mois d’octobre.

Dès lors, quelle créance accorder à la théorie qui nous déclare que la température de notre globe est en train de s’élever ?

Cependant cette théorie se réclame du célèbre météorologiste Svante Arrhenius, et à ce titre seul elle mérite déjà d’être prise en considération.

On sait que la température qui règne à la surface de la terre est déterminée d’un côté par la chaleur provenant de la masse en ignition qui se trouve sous l’écorce terrestre, et de l’autre par la chaleur que nous envoie le soleil. Seulement les rayons solaires n’arrivent à la surface de la terre qu’après avoir traversé l’atmosphère gazeuse qui entoure notre globe et ceci change considérablement les conditions en présence.

En effet, notre atmosphère, qui ne mesure pas moins de vingt kilomètres de hauteur, possède la propriété d’arrêter, d’absorber et de garder les rayons caloriques. Il s’ensuit que pendant le jour nous ne recevons à la surface de la terre qu’une partie de la chaleur envoyée par le soleil, les deux tiers environ, tandis que le reste est absorbé par les couches supérieures de l’atmosphère.

En revanche, pendant la nuit, quand la terre se refroidit, la chaleur qu’elle émet dans l’espace est en partie absorbée par l’atmosphère qui l’entoure et qui la garantit de cette façon contre un refroidissement par trop intense.

Cette double action de l’atmosphère fait justement que sur les 60 unités de chaleur qui lui arrivent du soleil pendant le jour, la terre ne perd pendant la nuit que 38, ce qui représente un gain de 22 unités.

Or — et ceci nous ramène à l’augmentation de la température — il est aujourd’hui parfaitement démontré que de toutes les parties qui composent l’atmosphère, les poussières, la vapeur d’eau et avant tout l’acide carbonique, possèdent seuls la propriété d’absorber et d’emmagasiner la chaleur solaire. On a pu même calculer que, si la teneur de notre atmosphère en acide carbonique venait à diminuer seulement d’un tiers, la température moyenne de nos régions baisserait de trois ou quatre degrés.

Est-il nécessaire d’ajouter qu’avec les progrès incessants de l’industrie cette diminution de l’acide carbonique n’est nullement à craindre ? Tout au contraire, le professeur Arrhenius a montré qu’actuellement la combustion de la houille lance dans l’atmosphère des quantités telles d’acide carbonique qu’il en résulte une augmentation de la température d’un millième de degré par an.

Évidemment, une telle augmentation est imperceptible. Seulement, en géologie, mille et même dix mille ans ne comptent pas beaucoup. Or, d’après le calcul du professeur Arrhénius, la proportion de l’acide carbonique contenu dans l’air aura doublé dans trois mille ans, si bien qu’à cette époque — que nous ne verrons probablement pas — la température moyenne aura augmenté de quatre degrés.

 

Déjà, manifestement, il y a 110 ans, un spécialiste comme Svante Arrhenius entrevoyait le réchauffement climatique.

La Patrie (Montréal), 25 novembre 1905.

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