Amateur d’histoire de la musique, réjouissez-vous
En 1906, on mène des fouilles archéologiques à Alise-Sainte-Reine, en Bourgogne, département de la Côte d’or. On cherche à préciser la partie de son histoire remontant à l’Antiquité.
On pratique, en ce moment à Alise-Sainte-Reine, des fouilles dont l’objet est de fixer un point d’histoire intéressant. Il s’agit de savoir si cette ville est bien l’Alésia désignée par Jules César dans sa «Guerre des Gaules», comme la dernière forteresse des Gaulois commandée par Vercingétorix.
En achevant de vider un des puits du plateau d’Alise-Sainte-Reine, l’équipe de fouilleurs qui travaille sous la haute direction du commandant Espérandieu a mis au jour une série d’objets antiques d’une conservation parfaite.
Le plus curieux peut-être, c’est de rencontrer, parmi ces trouvailles, des pièces de cuir, un morceau de sandale encore souple, un peu de filasse de chanvre, des coquilles de noix et des objets en bois qui sont restés à peu près intacts, sans trace de putréfaction. L’âge de ces objets est d’environ mil sept cents ans ainsi qu’en témoigne une monnaie d’Alexandre Sévère trouvée parmi eux.
Mais ce qui réjouira le cœur des archéologues et des historiens de la musique, c’est une flûte de Pan, à huit trous, trouvée cassée en deux morceaux qu’on a pu rapprocher, et dont il est facile aujourd’hui d’en tirer des sons, comme l’eussent fait des bergers du temps de Virgile.
Jusqu’alors, la flûte de Pan n’était connue que par les représentations qu’on en trouve sur les bas-reliefs et aussi par quelques images en pierre trouvées dans des sépultures. Mais de l’objet lui-même, fait d’une planchette de bois percée de trous d’inégale longueur, aucun exemplaire n’était parvenu de l’antiquité jusqu’à nous.
La «flûte de Pan d’Alésia» est donc un objet unique, que les collectionneurs s’arracheraient… s’il était à vendre.
La Patrie, 26 juillet 1906.
Ci-haut la flûte de Pan d’Alésia retrouvée à Alise-Sainte-Reine, une mince tablette rectangulaire de bois. Le trou percé servait à passer un cordon d’attache. À gauche s’ouvrent les orifices de sept tuyaux, forés dans l’épaisseur de la tablette et s’y prolongeant inégalement. Un huitième tuyau a disparu dans une cassure. L’illustration provient de ce site consacré au monde romain.