Craignez-vous encore les feux-follets ?
Parmi les superstitions qui règnent encore, en plein dix neuvième siècle, dans quelques pays, il faut noter la frayeur qu’inspiraient les feux follets. C’est une flamme légère qui semble sortir de terre et qui brûle en s’agitant et suivant diverses directions. Ces phénomènes se manifestent principalement dans les cimetières, puis sur les bords des rivières et des étangs, et dans les lieux marécageux.
Ils résultent du gaz hydrogène phosphoré, que laisse échapper en abondance la décomposition des matières animales, et qui a la propriété de s’enflammer au contact de l’air atmosphérique.
Cela n’empêche pas que longtemps on a regardé les feux follets comme des apparitions sortant de l’autre monde; on disait qu’ils étaient allumés par des sorcières, venant faire leurs sabbats.
Il est bien des localités où les hommes qui, sur le champ de bataille ne redoutaient pas le feu de l’ennemi, trembleraient comme des enfants s’ils avaient à traverser un cimetière sur lequel se promène un feu follet.
Il faut qu’on apprenne à rougir de ces terreurs superstitieuses.
La Gazette de Joliette, 28 juin 1883.
L’illustration est tirée de l’ouvrage de Louis Cousin-Despréaux, Les leçons de la nature présentées à l’esprit et au cœur, Tours, Alfred Mame et Fils, 1885.