Passer une partie de l’été à la campagne
Il n’en coûterait pas une fortune. Même une tente suffirait, selon l’éditorialiste du quotidien montréalais La Patrie.
Beaucoup de familles passent la belle saison aux environs de Montréal. Il est difficile pour les hommes d’affaires de s’éloigner de la ville.
Les places d’eau salée ne sont donc fréquentées que par un nombre limité de citoyens.
C’est sur les rives du fleuve que cherchent à se localiser la plupart de ceux qui vivent à la campagne, l’été — sur les rives du fleuve et dans quelques-unes des paroisses du Nord.
Les compagnies de transport peuvent faire beaucoup pour rendre facile cette émigration. Car elle est un moyen de confort et de santé.
Le Pacifique et le Grand Nord donnent un service excellent et rapide. La Compagnie d’Ontario et du Richelieu devrait imiter ces deux compagnies. Ce serait à son avantage. Elle augmenterait son trafic et développerait un commerce lucratif de passagers et de fret.
Il faudrait aussi que les villages dans lesquels les habitants des villes passent l’été fissent leur part, en améliorant les routes, les trottoirs, en organisant de bons services de l’eau, de l’éclairage, etc.
Il n’est pas nécessaire d’être millionnaire pour passer l’été à la campagne. Les familles les plus humbles peuvent se donner ce privilège.
Aux États-Unis, dans les Provinces Maritimes, sur la rivière Gatineau, dans la baie Georgienne, beaucoup de gens se font des campements temporaires qui coûtent bon marché. Les tentes sont devenues d’un grand usage.
Ce qu’il s’agit surtout d’obtenir, ce sont des moyens de transport, et à bon marché, qui permettent aux chefs des familles en villégiature de se rendre à bonne heure à leur travail et de repartir de la ville à des heures convenables.
Il meurt des milliers d’enfants auxquels la vie serait sauvée, s’ils pouvaient vivre au grand air pendant quelques semaines durant l’été.
La Patrie (Montréal), 10 juin 1904.