Nouveau retour à ces poèmes des temps d’hier
Quand il vous vit, forêts immenses,
Qui jetiez dans l’air vos semences
Que les vents au loin porteront,
Humble gloire à lui seul donnée,
Le Canadien prit sa cognée,
Le Canadien fut bûcheron.
Quand il te vit, mère féconde,
Capable de nourrir le Monde,
Dans ta séculaire grandeur,
O Terre Promise apparue !
Le Canadien prit sa charrue,
Le Canadien fut laboureur.
Quand il eut vu les peuples sombres,
Dont le front roule dans les ombres,
Où, nul au Christ ne dit «Je crois»,
Le Canadien prit la Lumière,
Car vers la horde meurtrière,
Le Canadien porta la Croix.
Quand il vit venir l’Angleterre,
Traînant tous ses engins de guerre,
Pour lui voler son Canada,
Race par le travail trempée,
Le Canadien prit une épée,
Le Canadien devint soldat.
Hector Demers.
La Patrie (Montréal), 20 juin 1903