Une soirée de batailles de coqs
L’hiver est la saison préférée pour les combats de coqs. Et les récits abondent dans les journaux québécois. Le Sorelois du 3 février 1880 rapporte une descente policière lors d’une de ces soirées.
Une descente a été faite hier par M. Daly, officier de la société protectrice des animaux, et cinq constables dans une maison située à Hochelaga, en face du parc Lépine. Huit jeunes gens que l’on dit appartenir à quelques-unes des plus respectables familles de Montréal ont été arrêtés dans cette maison, où l’on faisait battre des coqs.
Près de 150 personnes étaient réunies dans une salle disposée en amphithéâtre avec une arène paraissant spécialement destinées au triste usage que l’on en faisait dans le moment, lorsque les officiers de la loi entrèrent. Il y eut un sauve-qui-peut général et en quelques minutes presque tous les spectateurs avaient sauté par les fenêtres. Huit seulement furent arrêtés.
On trouva dans des sacs seize coqs vivants qui seront vendus au profit de la municipalité si les propriétaires ne les réclament pas immédiatement. Plusieurs autres coqs tués durant la bataille gisaient dans un coin de la salle.
Les prisonniers ont été traduits devant les magistrats Hawkins et Demers et condamnés à $5 et les frais chacun. Aucun d’eux, dit-on, n’a donné son nom véritable. Des mandats d’arrestation ont été lancés contre plusieurs autres personnes que les officiers ont pu reconnaître et qui se sont échappées. Le propriétaire de la maison, un M. Picard, qui est en ce moment à Trois-Rivières, sera mis aussi en état d’arrestation à son retour.
Espérons que cet exemple suffira à mettre fin à ces scènes dégradantes qui se renouvellent trop souvent à Montréal.
Le coq ci-haut est une création du sculpteur Joseph-Arthur Bouchard, de la région de Charlevoix.