Inauguration du monument de glace La Condora au carnaval de Montréal
Après la révélation du lion de glace au carnaval de Montréal de 1885, voici maintenant l’inauguration de la tour La Condora, un hommage, dirait-on, aux raquetteurs, personnages omniprésents dans les carnavals québécois d’il y a cent ans. Le 30 janvier 1885, le quotidien montréalais La Patrie raconte.
L’inauguration de la tour de glace du Champ-de-Mars, annoncée comme une fête les plus remarquables du carnaval, l’a été en effet de tous points.
Comme la veille, une foule immense s’est portée sur le théâtre du spectacle. Le Champ-de-Mars et la place Jacques-Cartier étaient parfaitement encombrés et toute la circulation fut interrompue pendant plus d’une heure, dans la rue Craig, entre les rues St-Laurent et St-Denis.
On peut sans exagération évaluer le nombre des assistants à plus de 50,000.
Le monument brillait pour la première fois de tout son éclat. La glace vive reluisait comme du cristal et reflétait avec des miroitements fantastiques les rayons puissants de la lumière électrique.
Comme le palais de glace, la Condora doit être vue le soir, illuminée à l’intérieur comme à l’extérieur, pour juger de l’originalité de son dessin et de la beauté de sa structure.
Au signal donné, les différents clubs de raquetteurs, avec des flambeaux à la main, se frayant un passage au milieu de la foule haletante, arrivèrent au son du tambour et prirent place sur les gradins de l’édifice de glace qu’ils couvrirent du pied au faîte. C’est là que commença un spectacle à nul autre pareil, spectacle qui n’a jamais été offert jusqu’aujourd’hui au public de Montréal et aux cent mille étrangers qui ont visité la ville depuis que l’on est en carnaval.
Pendant plus d’une heure, le firmament fut embrasé par les pièces pyrotechniques partant de chaque gradin de la Condora et s’élevant en cercle de feu jusqu’à une hauteur prodigieuse. On eut dit des myriades d’étoiles et de corps célestes embrasant de leur feu un coin de terre privilégié.
Les acclamations de la foule couvraient le son de la musique du «Trappeur» qui était présent en grand costume, et le spectacle, dans son ensemble, était certainement grandiose.
L’illustration de La Condora provient du journal Le Monde illustré du 31 janvier 1885. On la retrouve sur le site de la Bibliothèque et Archives nationales du Québec au descripteur «Carnavals».