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Le nouvel éclairage d’une ville

cote dabraham

Il est passionnant de suivre dans la presse ancienne le cheminement qu’empruntent les humains dans le développement des villes. Voici de nouvelles manières de vivre, dirait-on, comment donc alors s’y adapter ? Et parfois point la polémique.

Charles Baillairgé fut longtemps l’ingénieur de la ville de Québec, et ne l’insultez pas. Le Canadien du 23 décembre 1886 reproduit le rapport qu’il adresse au conseil de ville sur l’éclairage des rues à l’électricité. L’ingénieur distingue d’abord la lumière dite «arc light» de la lumière incandescente. Et il ajoute :

Je viens de suite vous dire, messieurs, que j’ai fait la répartition voulue de ces deux sortes de lumières dont 70 lumières «arc» disposées sur les grandes voies commerciales et de promenade […] aux mêmes endroits où sont érigés les réverbères à gaz actuels, c’est-à-dire à l’encoignure de toutes les rues transversales.

Nous avons aujourd’hui 577 lumières dont 316 réverbères à gaz, 261 à l’huile de pétrole.

Supposant que nous ayons aujourd’hui un nombre suffisant de lumières; distraction faite des 70 ci-dessus mentionnées, il en reste 507 à pourvoir.

La lumière incandescente peut être comparée au gaz en ceci qu’il en faut au moins un aussi grand nombre, c’est-à-dire les placer à des intervalles pas plus éloignés. […]

Une chose à laquelle on ne songe point, c’est qu’une même rangée de lumières autour de nos murailles peut éclairer en même temps que la rue des Remparts une, deux ou plus de rues parallèles à la première.

J’ai déjà, dans le temps que la terrasse [Dufferin] était illuminée, attiré l’attention du Conseil de Ville, et des citoyens, sur l’éclairage effectif de la rue Champlain, la rue du Cul-de-Sac et la petite rue Champlain [des rues tout en bas de la falaise], par le reflet de la lumière projetée sur la façade ouest de la halle Champlain [un édifice imposant entre le fleuve et la falaise]. De même, les lumières proposées sur la cime du coteau faisant face à Beauport éclaireront en même temps que cette partie de la rue des Remparts, les rues Sous-le-Cap, St-Paul et même St-André [des rues là aussi au pied de la falaise].

En un mot, sans entrer dans plus de détails, qu’il me suffise de dire que j’ai placé chacune des cent lumières exactement à l’endroit voulu pour éclairer convenablement, non seulement les principales voies de commerce et d’agrément, mais toutes les rues de la ville. […]

Je vois que les journaux sont saisis de la chose et qu’on ne se gêne point comme on ne s’en est point gêné au comité des chemins, de jeter à la face de l’ingénieur de la cité l’absurdité d’éclairer avec 100 lumières la ville de Québec ayant une population de 60,000 âmes pendant qu’il y en a 200 pour éclairer Ottawa dont la population n’est que de 30,000.

M. le Maire, Messieurs, soyez persuadés que votre ingénieur sait ce qu’il fait et réjouissez-vous plutôt qu’il ait réussi à vous éclairer à bien moins de frais qu’ailleurs. […]

Chs. Baillairgé,

Ing. de la Cité.

 

L’illustration ci-haut de la côte d’Abraham à Québec est parue dans L’Opinion publique du 24 juin 1880. On la retrouve sur le site de Bibliothèque et Archives nationales du Québec au descripteur «Rues».

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